La Coiffure et l’esthétique composées à 99% de très petites entreprises

#TPE2016 par FGTA-FO, Nadia Djabali

La FGTA tient un stand au salon de la coiffure, Porte de Versailles à Paris dans le cadre des élections TPE de novembre 2016. Photographie : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0
Article publié dans l’action Élections dans les TPE

La Fédération FO de la Coiffure et de l’Esthétique (FGTA-FO) était présente au salon mondial de la coiffure et de la beauté qui s’est tenu les 11 et 12 septembre 2016 à Paris. Une occasion de faire un focus sur une profession qui élira ses représentants de salariés en novembre prochain.

« Je rentre dans les salons de coiffure et de beauté et je dis "bonjour, je suis Stéphanie Prat-Eymeric du syndicat Force Ouvrière. Nous négocions votre convention collective, votre prévoyance, les frais de santé… Nous avons édité un guide du droit des salariés plein d’infos…" »

Depuis quatre ans, Stéphanie écume les villes de France et de Navarre pour rencontrer les salariés de la coiffure et de l’esthétique. Impossible de compter le nombre de salons visités tellement elle en a parcouru. Dans les boutiques, ses arrivées surprises sont généralement bien accueillies. Et surtout, les informations qu’elle apporte fort prisées. Salariés et employeurs, généralement plus attirés par les questions d’esthétique, négligent bien souvent les questions liées au droit du travail et à leur convention collective. « Il m’arrive même que l’employeur discute une demi-heure avec moi tandis que la salariée m’écoute d’une oreille distraite », s’amuse Stéphanie.

Méconnaissance des droits de la profession

Mais pour l’heure, la chargée de mission FO tient le stand avec ses camarades de la FGTA au salon mondial de la coiffure et de la beauté. Une bonne occasion de toucher salariés et apprentis, comme cette jeune fille venue au stand quelques heures plus tôt. « Elle ne savait pas que la mutuelle est obligatoire dans la branche depuis plusieurs années. Du coup elle en payait deux. » Quant au régime de prévoyance, elle n’était absolument pas au courant de son utilité et de son fonctionnement.

Autre point également méconnu par les salariés : depuis 2012, l’achat des ciseaux, brosses et autres outils nécessaires à la réalisation d’une bonne coupe de cheveux doivent être payés par l’employeur. Un accord négocié et signé par FO.

FO, deuxième organisation syndicale

Que dire des élections qui se tiendront en novembre prochain pour élire les représentants syndicaux des très petites entreprises. Peu de salariés ont une vision claire des enjeux.

Dans le secteur de la coiffure, 99% des entreprises ont moins de 11 salariés. « Cela veut dire que pratiquement tous les effectifs de la coiffure, environ 96 000, sont concernés par les élections TPE », remarque Richard Roze, secrétaire fédéral à la FGTA-FO.

Force ouvrière y est la deuxième organisation syndicale avec 27% des votes lors de l’élection TPE de 2012. « Historiquement, FO a toujours été très présente dans le secteur », poursuit Richard Roze. « On est reconnu et très écouté parce qu’on est la seule organisation comportant des coiffeurs dans notre délégation. »

Un accord sur les salaires en négociation

Dans l’actualité de la branche : FO n’a pas signé la négociation concernant le temps partiel. Pourquoi ? « Parce que les employeurs nous demandaient de déroger à la loi qui fixe la durée du temps partiel à 24h alors que les employeurs proposaient 17h. Un dispositif qui précarisait encore plus les salariés. »

Côté salaire, une négociation est en cours et devrait aboutir avant la fin de l’année. Rien n’est encore signé mais le premier niveau de salaire devrait passer à 31 euros au-dessus du Smic mensuel. Avant 2012, le premier coefficient de salaire était situé en dessous du Smic. Il est passé aujourd’hui à 27 euros. « Nous avons réussi à faire appliquer depuis trois ans une augmentation sur toute la grille », se réjouit le secrétaire fédéral. La branche de la coiffure connaît un dialogue social intense où tous les dossiers sont posés sur la table « même si c’est un peu compliqué », tempère Richard Roze.

Pédagogie et communication

Christophe Doré, vice-président en charge du dialogue social à union nationale des entreprises de coiffure, a rendu une petite visite au stand de la FGTA. Pour cette organisation patronale, l’un des enjeux importants des élections TPE demeure le taux de participation. En 2012, seulement 10% des salariés des très petites entreprises avaient glissé un bulletin dans l’urne. « Aujourd’hui, nous sommes engagés avec les organisations syndicales pour faire voter les salariés. »

L’heure est donc à la communication et à la pédagogie auprès des chefs d’entreprises pour que ces derniers incitent leurs salariés à participer à l’élection. « Force Ouvrière est un acteur majeur du dialogue social avec nous, déclare Christophe Doré. L’objectif pour nous c’est qu’on puisse faire un vrai travail sur la convention collective. C’est important car il y a des enjeux sur la prévention et sur la pénibilité. »

Plusieurs problèmes majeurs

Jean-Claude Mailly n’en est pas à son premier salon mondial de la coiffure. L’année dernière, il avait déjà arpenté les allées du parc des expositions. Une occasion pour lui de rencontrer militants et salariés. Mais également d’échanger quelques mots avec Franck Provost. Un patron connu dans le monde entier. « Chez qui FO est bien implantée et entretient de bonnes relations avec la direction, explique le secrétaire général. « Franck Provost a démarré de rien, a construit un vrai groupe avec 20 000 salariés. »

Le secteur de la coiffure fait face aujourd’hui à plusieurs problèmes majeurs. D’abord une concurrence sous forme de dumping des autoentrepreneurs de plus en plus nombreux dans la coiffure à domicile.

Dumping et baisse du pouvoir d’achat

Autre écueil : celui de la baisse générale du pouvoir d’achat. « Globalement la population va moins souvent chez le coiffeur », précise Jean-Claude Mailly. « C’est un poste qu’on rogne en premier quand on a un problème financier et cela joue sur l’activité des salons. »

Dernier problème évoqué par le secrétaire général de FO : Alors que les besoins en emploi sont réels, l’Éducation nationale a décidé de baisser les effectifs d’apprentis coiffeur, considérant que la filière était bouchée. « Pourtant, il s’agit d’un secteur où il existe des potentialités d’emploi. Donc nous allons essayer de rebooster ça auprès de l’Éducation Nationale ».

FGTA-FO Travailleurs de l’agriculture, de l’alimentation et des services connexes

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante

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