La « crise des réfugiés » au congrès de la CES : adoption d’une motion d’urgence

Europe par Evelyne Salamero

À la tribune, Aida Hadzialic, réfugiée Bosniaque, aujourd’hui ministre suédoise de l’Education.
F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

La deuxième journée du congrès de la CES, outre le début de la discussion sur les orientations pour les quatre années à venir, a été marquée par l’adoption d’une motion d’urgence sur la « crise des réfugiés en Europe ».

Deux témoignages ont suscité une vive émotion parmi les délégués et les applaudissements jusqu’ici les plus nourris du congrès, en prélude à l’adoption d’une motion d’urgence sur « la crise des réfugiés ». Aida Hadzialic aujourd’hui ministre suédoise de l’Education, mais arrivée en Suède à l’âge de 5 ans alors qu’elle fuyait la guerre dans l’ex-Yougoslavie, a raconté son histoire ainsi que Oumar Diakhaby, originaire de Guinée, aujourd’hui ingénieur, militant syndicaliste et défenseur des sans papiers en Belgique mais après avoir dû y survivre à onze année d’illégalité. Tous deux ont souligné ce que les délégués ont également mis en avant : accueillir les réfugiés est une obligation morale pour l’Union européenne, aux antipodes des comportements populistes et xénophobes, mais cela ne suffira pas. Il faut d’ores et déjà avoir en tête que « les réfugiés d’aujourd’hui sont des travailleurs de demain », pour reprendre l’expression d’une déléguée, et qu’il faut donc également les intégrer rapidement, avec les mêmes droits que les salariés européens.

Oumar Diakhaby, originaire de Guinée, militant syndicaliste et défenseur des sans papiers en Belgique.
F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

« Faut en faire davantage »

La résolution d’urgence appelle à « bannir » les obstacles et les clôtures récemment érigées qui se « sont révélés inefficaces et ont pour seul effet de dévier les flux migratoires d’un pays vers un autre et de faire le jeu des passeurs ». Elle rappelle que « les politiques d’austérité n’ont fait qu’aggraver les problèmes », rendant les conditions d’accueil « encore plus difficiles dans les pays où les réfugiés arrivent d’abord ». Si la Ces salue les décisions du Conseil européen adoptées le 22 septembre, estimant que la « répartition de 160 000 réfugiés peut apporter un soulagement immédiat aux pays les premiers touchés par les flux énormes de personnes cherchant protection », elle considère toutefois ces mesures insuffisantes, « très loin d’une solution permanente dans le cadre d’une véritable politique européenne d’asile ». La CES « encourage donc les États membres à « agir ensemble dans un esprit de solidarité constructive sous la houlette des institutions européennes » et condamne les États qui refusent cette approche commune.

Pour ce qui est de la racine du problème, la CES appelle à « une coopération plus efficace en faveur du développement des pays d’origine ». Elle souligne que « leur développement démocratique et économique est essentiel pour éliminer les causes premières des déplacements des populations à grande échelle » et que « l’Union européenne à un rôle à jouer pour favoriser ce processus ».

La CES appelle à « en faire davantage », relevant que le programme de la Commission européenne « pourrait se révéler insuffisant compte tenu de l’ampleur grandissante du problème » et insiste sur la nécessité de rétablir des services publics adéquats pour garantir l’accès au logement, à l’Education, à la Santé et à la protection sociale.


Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante