La défense du service public, fil rouge de la Fédération Énergie et Mines

Congrès de Fédération professionnelle FO par Evelyne Salamero, FNEM FO, L’inFO militante

Le congrès de la Fédération FO Énergie et Mines a réuni 350 participants du 31 mai au 3 juin à Montpellier. Alors que la marche à la privatisation s’accélère, qu’EDF, mais aussi Engie (ex-GDF) sont menacées par des plans destructeurs, les délégués ont réaffirmé une revendication clé : la création d’un EPIC de l’Énergie.

D e la période hors norme que vit le monde depuis l’apparition du coronavirus, s’il est une leçon à retenir, c’est bien celle-là : les services publics sont les outils nécessaires et indispensables à la cohésion de notre nation et cela est évidemment valable pour le secteur de l’énergie qui constitue le poumon de toute activité économique !. Le rapport d’activité présenté au congrès de la Fédération Énergie et Mines, par son secrétaire général sortant Vincent Hernandez, adopté à la quasi-unanimité, résume ainsi l’enjeu du combat mené par les électriciens et gaziers. Un combat entamé depuis plus de vingt ans, puisque le marché de l’électricité et du gaz a été progressivement ouvert à la concurrence à partir de 1999 en application des directives européennes. Un combat qui se durcit encore aujourd’hui, alors qu’EDF et Engie (la descendante de GDF) sont menacées d’être restructurées de fond en comble.

Intégration contre désintégration

Côté EDF, si le projet Hercule, élaboré par la direction sur demande de l’exécutif, a été rebaptisé Grand EDF, l’objectif reste bel et bien de scinder EDF, aujourd’hui détenue à 84 % par l’État, en plusieurs entités, de façon à ouvrir davantage aux capitaux privés une partie des activités du groupe. La très forte mobilisation des personnels ces derniers mois, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales, a pour l’instant bloqué l’offensive, entraînant notamment le report sine die de la présentation d’un projet de loi relatif à EDF, présentation initialement prévue le 19 mai dernier. Mais craignant un passage en force pendant l’été, les plus de 300 délégués au congrès ont tenu à rappeler leur inébranlable opposition à ce projet et ont adopté à l’unanimité une motion revendiquant son retrait. Côté Engie (dont l’État ne détient déjà plus que 23,64 %), le plan Clamadieu, du nom du président de son conseil d’administration, prévoit aussi de scinder l’entreprise en deux. La deuxième entité, baptisée Bright, regrouperait toutes les activités susceptibles d’être vendues, soit deux tiers de ses activités satellites (services, installations, relations client…) qui emploient 74 000 salariés au total, dont 28 000 en France.

Face à cette désintégration du service public de l’énergie, la fédération FO revendique au contraire la création d’un Établissement public industriel et commercial (EPIC) de l’énergie, qui intégrerait toutes les activités liées aux énergies électriques et gazières, précise la résolution générale des congressistes.
Les délégués ont également souligné leur détermination à défendre le statut des Industries électriques et gazières, dont ils exigent qu’il soit appliqué à toutes celles et tous ceux qui contribuent à la production, au transport, à la distribution, au stockage et à la commercialisation de l’électricité et du gaz.

Pour un mix énergétique équilibré

Autre bataille de grande actualité pour la fédération FO : celle menée contre la nouvelle réglementation environnementale publiée fin 2020 par le gouvernement, la RE2020, visant à éliminer les installations de chauffage au gaz dans les bâtiments neufs d’ici à 2024. Cette nouvelle norme s’applique dès cet été pour les nouvelles constructions de maisons individuelles. Elle est d’autant plus inacceptable, ont rappelé les délégués, que les innovations récentes pour obtenir des gaz de synthèse renouvelables (hydrogène, biométhane), permettant de décarbonner la production d’énergie, n’ont pas bénéficié d’investissements à la hauteur de l’enjeu. Il en va pourtant de la survie de la filière gaz, alerte la fédération FO depuis déjà longtemps. Au-delà des 130 000 emplois que menace cette nouvelle réglementation, il en va de l’indépendance énergétique du pays, expliquent les électriciens et gaziers FO, qui ont rappelé leur attachement à un mix énergétique équilibré, incluant toutes les sources d’énergie, y compris le nucléaire.

Forte de la détermination des délégués au congrès à défendre un service public républicain de l’énergie, la fédération FO organise le 29 juin une journée d’action, sous la forme d’initiatives locales. Elle diffusera également une vidéo en direct, durant laquelle interviendront notamment Yves Veyrier, secrétaire général de la confédération, et Alain André, le nouveau secrétaire général de la fédération.

 

La continuité dans le changement

L e congrès de la FNEM-FO a été marqué par l’élection d’un nouveau secrétaire général. Vincent Hernandez, à qui les congressistes ont chaleureusement exprimé leurs remerciements et leur soutien, n’a pas souhaité renouveler son mandat, pour des raisons personnelles. Alain André prend le relais. Il souligne : Mon mandat s’inscrit dans la continuité du précédent. La fédération a toujours progressé avec Vincent, donc je ne vois pas pourquoi on prônerait le changement. La défense du service public et du statut ainsi que la syndicalisation restent les priorités de la fédération. Pour cela, l’accent va notamment être mis sur l’explication des revendications et le développement des visioconférences, de façon à transmettre toujours mieux aux plus jeunes et ainsi préparer la relève. Dans l’immédiat, les forces de la fédération sont aussi consacrées aux élections de la Camieg (caisse d’assurance maladie des industries électriques et gazières), qui se déroulent du 21 au 25 juin, et de la CCAS (caisse centrale d’activités sociales), qui auront lieu en novembre.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

FNEM FO Énergie et Mines

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération