Ce n’est pas aux salariés de payer pour les procès menés contre Monsanto aux États-Unis
, prévient Corinne Maillot, coordinatrice FO chez Bayer France. En mai dernier, Bayer HealthCare, filiale française du groupe allemand Bayer, a annoncé son intention de supprimer 354 postes sur les 636 que compte sa division pharmaceutique, au motif de la sauvegarde de sa compétitivité.
Le plus lourd tribut est payé par les visiteurs médicaux, pour lesquels 197 postes sur 278 seraient supprimés. Le plan social, qui pourrait entrer en vigueur en 2023, concerne également des responsables régionaux des ventes, des assistants administratifs et des fonctions support qui seraient externalisées à l’étranger. Il y a aussi 120 modifications de contrats de travail. En comptant les licenciements de salariés refusant ces modifications, il y a donc au total 474 licenciements potentiels
, alerte la militante, également déléguée centrale chez Bayer HealthCare.
Pour le syndicat FO, majoritaire avec 45% de représentativité, il est hors de question que ce plan se traduise par des licenciements secs. Et de souligner que dans l’entreprise, les salariés sont à 70% des femmes, dans leur majorité âgées de 45 à 55 ans. Tous ne retrouveront pas un poste
, s’inquiète Corinne Maillot.
Une avalanche de procès contre Monsanto aux États-Unis
La déléguée centrale FO est d’autant plus remontée que trois jours après l’annonce du plan social en France, le président de Bayer Pharma Monde communiquait sur les résultats exceptionnels enregistrés au premier trimestre 2022 (3,3 milliards de bénéfices nets pour le groupe sur cette période, en hausse de 58%) et sur des dividendes record versés aux actionnaires. Le chiffre d’affaires du groupe est de 1,2 milliard d’euros en France et de 44 milliards d’euros dans le monde.
Corinne Maillot rappelle aussi le rachat de Monsanto (numéro un mondial des OGM et des herbicides) par Bayer en 2018, pour 56 milliards d’euros. Depuis, le groupe doit faire face depuis à une avalanche de procédures judiciaires outre-Atlantique de la part de plaignants imputant leur cancer à des produits contenant du glyphosate.
Le groupe Bayer est embourbé dans les procès, il ne s’en sort plus, explique la militante. Il a déjà versé 15 milliards d’euros au titre des dommages mais de nouvelles plaintes continuent d’arriver. L’objectif de ce plan social est de récupérer des liquidités pour financer ces litiges.
Or, indiquent FO et un autre syndicat dans un communiqué commun, les économies visées par ce plan sont dérisoires au regard de la gabegie liée au rachat de Monsanto
.
Élargissement des conditions de départ anticipé
Les deux syndicats revendiquent la mise en place d’un plan de départs volontaires, donc sans licenciements contraints et avec un meilleur accompagnement des salariés concernés. Or, malgré quatre réunions, FO déplore que les négociations menées dans le cadre de la procédure de consultation et information du CSE n’avancent pas.
Pour faciliter le départ des salariés les plus âgés, FO souhaite notamment la mise en place d’un dispositif de cessation concertée d’activité (CCA), qui permettrait un portage jusqu’à la retraite avec un maintien de 70% du salaire brut sur 7 ans. La direction proposerait selon FO une durée limitée à 5 ans.
La direction ne veut rien nous donner mais elle a les moyens de mettre en place ces mesures pour faire partir les gens sans les contraindre !
, s’indigne la militante. L’entreprise tire déjà ses profits des remboursements de médicaments par la Sécurité sociale, elle ne va pas en plus faire prendre en charge les licenciements par la collectivité par le biais de l’Assurance chômage !