La fonction publique, voilà l’ennemi ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Lancement du programme Action publique 2022 à l’hôtel Matignon, le 13 octobre 2017. © HAMILTON/REA

Une généralisation du recours aux contractuels dans la fonction publique serait, selon des fuites dans les médias, prônée par le « Comité action publique 2022 », que le gouvernement a chargé d’imaginer la réforme de l’État. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir dans la presse. Aperçus.

Libération
Des profs avec un CDD de cinq ans, des policiers embauchés pour seulement dix ans, des agents territoriaux en contrats de deux ou trois ans renouvelables… Voici le nouveau monde des fonctionnaires, imaginé par les experts du Comité action publique 2022 (CAP22). Ce panel de 34 personnalités qualifiées, installé en octobre dernier, a été chargé par le gouvernement de plancher sur la réforme de l’État, des collectivités et de la Sécurité sociale. Issus du privé, du public et du monde associatif, ses membres se sont vus donner carte blanche par Édouard Philippe : un encouragement reçu cinq sur cinq par les experts. Des experts en saignées ?

Marianne
Une arme de destruction massive ? Une mesure tellement radicale que Libé estime probable qu’elle sera écartée par le gouvernement pour mieux promouvoir une simple extension du recours au contrat. Ce procédé - lancer des pistes extrêmes pour faire accepter des réformes finalement perçues comme plus douces - est récurrent pour le gouvernement, qui l’a par exemple mis en œuvre s’agissant de la réforme de la SNCF ou de la révision constitutionnelle. Bref, on avance de trois pas, on recule d’un et on a gagné deux pas.

Les Echos
Quoi qu’il en soit, voici le volet deux du big bang annoncé en février par le Premier ministre, dans la fonction publique. Après l’ouverture le mois dernier du chantier des institutions représentatives du personnel, il concerne les contractuels. C’est, avec le plan de départs volontaires évoqué par Gérald Darmanin, l’un des sujets les plus sensibles de la réforme en préparation. Le gouvernement a clairement prévenu qu’il voulait faciliter l’embauche d’agents hors statut.

La Lettre des cadres
Macron assume une ligne libérale claire, même pour la fonction publique, estime le politiste Luc Rouban, spécialiste de la fonction publique. Pour lui, le macronisme de campagne a disparu. Le président de la République assume désormais une ligne libérale assez claire. Le ton a été donné avec la refonte en cours du droit du travail. Et les intentions, autour des services publics, même si elles ne peuvent encore être qualifiées de ruptures, ne font que renforcer la perte d’identité de la fonction publique. Une grande majorité de fonctionnaires le sont devenus sur des notions de valeurs, en croyant à l’axiologie propre à la fonction publique, neutralité, égalité de traitement, équité, etc. Ces mots-là ne sont plus prononcés. Ils sont tabous ?

Le Monde
Le 2 mai, Olivier Dussopt, secrétaire d’État auprès de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, a présenté les résultats du forum de l’action publique. Cette consultation a attiré 154 000 usagers et agents entre novembre et mars. Il en ressort notamment que, s’ils sont attachés au service public, 60 % des premiers et 66 % des seconds estiment qu’il se dégrade. Cela appelle un programme de réformes, c’est tout l’enjeu de CAP22, notait ce jour-là Thomas Cazenave, délégué interministériel à la transformation publique. Qui veut peut-être doubler le Cap Thatcher, seule route possible ? Autres enseignements : les Français nourrissent une relation ambivalente à la numérisation de l’administration (ils la soutiennent tout en s’en méfiant) et ne veulent pas d’abandon de missions.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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