Qui sont ces policiers primo-arrivants en quête de logement dans la région parisienne ? Certains sortent d’une des dix écoles de France. Après douze mois de formation ils sont gardiens de la paix, stagiaires. Ces jeunes fonctionnaires percevront alors 1889 euros nets par mois (primes comprises) à Paris ou dans la région. Moins en province.
Dans les primo arrivants, il faut compter aussi les ADS, les adjoints de sécurité. Âgés de 18 à 35 ans, ils ont effectué eux aussi une formation : trois mois à l’école de Draveil ou dans les sections dédiées des écoles de police. Ces personnels sont sous contrat aidés (trois ans renouvelables une fois). Ils gagneront 1 400 euros nets par mois s’ils travaillent en Ile-de-France.
Chaque année environ 4 000 jeunes policiers (3 000 gardiens de la paix et 1 000 ADS) sortent de formation en France. Parmi cet effectif, 90% des gardiens de la paix seront affectés à un poste en région parisienne et 70% en ce qui concerne les ADS.
On ne peut que se réjouir du relèvement des recrutements
indique Olivier Plenet en charge avec un autre militant d’Unité-SGP-Police-FO du service logement créé il y a dix ans au sein du syndicat. Il n’en reste pas moins que l’intendance en quelque sorte ne suit pas insiste le militant. Les jeunes policiers rencontrent en effet de grandes difficultés pour se loger dans la capitale et sa banlieue.
Une recherche dans l’urgence
Ces jeunes agents ou ADS qui sont majoritairement originaires de province ou d’outre-mer n’ont pas le temps de chercher un logement
. Si les ADS prennent connaissance de leur affectation lorsqu’ils sont encore en formation, les gardiens de la paix découvrent eux leur département d’affectation seulement quatre semaines avant de débuter leur travail
. Autant dire que c’est sur le mode « panique à bord » qu’ils se mettent en quête d’un logement et lorsque celui-ci doit se trouver à Paris ou en banlieue cela vire parfois à la quête du Graal…
Les jeunes jouent du système D et il est toujours à craindre qu’ils tombent entre les mains de gens mal intentionnés
explique Olivier Plenet. Le militant ne compte plus les anecdotes. Parmi celles-ci ce jeune policier qui est arrivé avec sa valise dans mon bureau. Il n’avait pas où se loger. J’ai pu lui décrocher un logement d’urgence
. Hébergement chez des amis, nuits d’hôtels, nuits dans la voiture… Il arrive que des jeunes ADS ou gardiens n’aient pas encore de logement alors qu’ils ont commencé à travailler
s’indigne le militant.
Par ailleurs avec ce métier spécifique et dangereux un policier ne peut pas loger n’importe où. Impossible d’habiter par exemple dans le quartier où l’on effectue quotidiennement des contrôles voire des arrestations
précise Olivier Plenet.
Les difficultés de salariés modestes
La cellule de demandes de logements créée par le syndicat Unité-SGP-Police-FO (en deuxième position dans la police) travaille avec des bailleurs sociaux et est par ailleurs toujours à la recherche de bailleurs dans le secteur privé. Le service travaille aussi en collaboration avec les écoles de police et sur sollicitation des élèves.
30% des élèves gardiens de la paix sont d’ailleurs des syndiqués FO. Au plan de la représentativité, le syndicat est en tête dans les écoles
.
Si, comme un autre grand syndicat représentatif dans la police, FO travaille à trouver des solutions de logements pour les agents primo-arrivants et leur famille, certains paramètres compliquent la tâche. Le principal problème pour trouver un logement provient bien sûr des niveaux de salaires qui restent bas
indique Olivier Plenet.
Or dans une région où la pression sur le logement est forte les offres ne courent pas les rues. La difficulté à se loger est particulièrement forte pour les agents qui ont peu d’ancienneté et donc les salaires les plus modestes. Il faut être doté de plus de dix ans d’ancienneté pour rencontrer moins de difficultés financières pour accéder à un logement en région parisienne
.
Par ailleurs et malgré leur travail acharné, les structures officielles censées proposer un éventail de solutions ne suffisent pas à répondre aux demandes. La Préfecture de Paris détient certes une réserve de logements qui permet de loger environ 1 200 policiers par an. Cette réserve ne peut répondre toutefois qu’à 20% des demandes
de logements de policiers dans la région parisienne.
L’Intérieur est mauvais élève en matière d’action sociale
Le ministère de l’Intérieur a lui aussi une cellule logement, créée il y a seulement cinq ans et comptant quatre fonctionnaires. Cette cellule fait ce qu’elle peut, mais elle ne participe à loger que 160 policiers par an
regrette FO. Illustration des difficultés de ces agents à se loger en arrivant en région parisienne, l’an dernier via la cellule logement d’Unité-SGP-Police-FO, Olivier Plenet a reçu 460 demandes de policiers à la recherche d’une location.
Il faudrait que le parc de logements dédiés aux policiers en région parisienne soit étendu et par ailleurs que le ministère de l’Intérieur augmente le budget qu’il consacre au logement des agents
explique Olivier Plenet. Alors que le ministère de l’Intérieur compte 178 000 agents et pas seulement des policiers le budget consacré au logement est de vingt millions. Une partie de ce budget est affectée depuis plusieurs années aux offres de prêts à taux zéro pour l’achat d’un logement. C’est certes intéressant, mais ce budget empiète sur la part dédiée aux réservations de logements. Chaque année cette part diminue ainsi de deux millions
.
Plus largement regrette Olivier Plenet le budget global du ministère en matière d’action sociale s’élève à 60 millions pour 178 000 agents. C’est très peu. D’ailleurs, comparé à l’ensemble des ministères, l’Intérieur occupe l’avant-dernière position pour son budget d’action sociale. Juste devant l’Éducation nationale
.