La gestation

Les 120 ans de la CGT FO par Evelyne Salamero, Mathieu Lapprand

Le Printemps des peuples par Meissonier, 1870.

Les grandes dates des 120 ans d’histoire de la Confédération Générale du Travail

La CGT, Confédération Générale du Travail, a eu 120 ans le 28 septembre dernier.
Cette CGT, la CGT-Force Ouvrière la continue depuis 1947, année où plusieurs de ses dirigeants et militants décidèrent de faire scission pour défendre l’indépendance de l’organisation. Il revenait à Force Ouvrière Hebdo, héritier du journal Résistance Ouvrière né en 1944 et devenu Force Ouvrière à la scission, de retracer ces cent vingt années d’histoire.


Il aura fallu un peu plus de trois siècles au mouvement ouvrier français pour se développer, s’imposer et s’organiser en une grande confédération. Trois siècles de combats, parfois violents.


1539 Le roi interdit les compagnonnages
Sous l’Ancien Régime, les métiers sont organisés par « corporations », qui regroupent les ouvriers (les apprentis et les compagnons) et leurs patrons (les maîtres). Les premiers compagnonnages indépendants des corporations naissent au XVIe siècle. En 1539, François Ier interdit « à tous compagnons et ouvriers de s’assembler (...) ni d’empêcher de quelque manière que ce soit lesdits maistres de choisir eux-mêmes leurs ouvriers (...) ».


1791La Révolution interdit les corporations et... les associations de travailleurs
La loi Le Chapelier du 14 juin 1791 interdit les corporations mais aussi, plus largement, toute association ou coalition. Tout au long du siècle suivant, les travailleurs ne pourront pas s’organiser librement face à la révolution industrielle qui s’opère et seront donc plongés dans la misère.


1830-1831 Les Trois Glorieuses et la révolte des canuts
La monarchie a momentanément repris les rênes du pays en 1814. Du 27 au 29 juillet 1830 (les Trois Glorieuses), les ouvriers parisiens se révoltent contre les ordonnances du roi Charles X qui, notamment, suspendent la liberté de la presse et ordonnent la dissolution de l’Assemblée. En octobre 1831, les ouvriers des soieries de Lyon, les canuts, se mettent en grève et manifestent pour un salaire minimum en un mouvement social sans précédent. Neuf cents gardes nationaux passent du côté des insurgés. Le nouveau roi Louis-Philippe envoie 20 000 soldats qui écrasent la révolte dans le sang.


1848 Le Printemps des peuples
Le 24 février, un gouvernement provisoire proclame la IIe République sous la protection des ouvriers parisiens en armes. Il établit le suffrage universel pour les hommes et abolit l’esclavage. Le 28 février les ouvriers envahissent l’Hôtel de Ville et imposent la journée de travail de 10 heures. Mais en septembre, la Constituante annule le décret et en novembre la nouvelle Constitution ne parle pas du droit du travail. Le mouvement ouvrier, qui commençait juste à s’organiser, a perdu la plupart de ses meilleurs éléments, tués, déportés ou contraints à la clandestinité. En se coupant de son soutien populaire, la IIe République s’affaiblit et doit de nouveau céder la place dès 1851, cette fois à Louis-Napoléon Bonaparte.


1871 La Commune
Moins de deux mois après leur avoir déclaré la guerre, Napoléon a capitulé devant les Prussiens le 2 septembre 1870. Le 4 septembre, alors que l’armée prussienne est aux portes de Paris, la foule parisienne a proclamé la IIIe République à l’Hôtel de Ville. L’armistice a été signé le 28 janvier. Un an plus tard, le 26 mars 1871, 65 élus parisiens, dont 25 ouvriers, proclament la Commune et se déclarent gouvernement de la France. Les communards, à 80 % ouvriers et artisans, réorganisent l’économie au profit des travailleurs, instaurent l’école gratuite et laïque et adoptent une loi de séparation des Églises et de l’État. Le gouvernement d’Adolphe Thiers ordonne l’écrasement de la Commune. Du 22 au 28 mai, ses troupes font un véritable carnage qui reste dans les mémoires sous le nom de « semaine sanglante ».

Insurgés de la Commune à Paris, mars 1871.

1884-1892 Le début de la liberté d’association et les Bourses du travail
À partir de 1876, après la levée de l’état de siège instauré après la Commune, le mouvement ouvrier reprend peu à peu des forces. En 1884, la loi Waldeck-Rousseau autorise les syndicats professionnels (ouvriers et patronaux) tout en les soumettant à des règles de fonctionnement très strictes. En 1892, la création de la fédération des Bourses du travail constitue une étape majeure dans l’organisation interprofessionnelle du mouvement ouvrier. 


Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante