La Grèce brûle-t-elle ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Incendies de foret meurtriers près d’Athènes. © PLANET Pix/ZUMA-REA

Après l’incendie le plus meurtrier de l’histoire récente de la Grèce, qui a fait quelque 82 morts à Mati et ses alentours, les médias tentaient de trouver une explication à une telle tragédie. Aperçus dans la presse.

Sud-Ouest
Bornes d’incendie hors service selon des témoins, jardins et cours envahis d’herbes, arbres non ébranchés ou touchant les toits : d’autres négligences n’ont pas manqué, imputables en partie à la cure d’austérité infligée au pays depuis huit ans. Comme l’ont prouvé les grands incendies de 2007, qui avaient tué 77 personnes dans le Péloponnèse et en Eubée, le feu n’a pas attendu la crise pour brûler, mais il est certain que l’assèchement financier des services publics n’arrange rien, relève Nikos Bokaris, un ingénieur des eaux et forêts grec.

Le Parisien
Rapidement, les secours ont même semblé débordés, explique Kathimerini [journal, d’opposition]. En cause : un manque de préparation et de coordination entre les différents services. Pourtant, le gouvernement était prévenu. Le risque d’incendie était au niveau 4, seuil le plus élevé possible. Les pompiers se plaignent également d’un matériel vieillissant et insuffisant, une conséquence selon eux des coupes budgétaires décidées par le gouvernement pour faire face à la crise qui frappe le pays depuis huit ans. Le budget des services de pompiers est passé de 452 millions d’euros en 2009 à 354 l’an passé.

Le Point
Le ministre de la Défense Panos Kammenos a fait face à Mati à la colère des riverains. Vous nous avez laissés à la merci du Dieu. Il ne nous reste rien !, lui a ainsi lancé une femme en larmes. Panos Kammenos a répondu aux critiques avec un argument différent, évoquant au micro de la BBC le problème endémique des constructions illégales qui sont selon lui la majorité sur cette côte. Après cette tragédie, c’est le moment que (les propriétaires) comprennent que c’est dangereux pour eux et leurs familles de ne pas suivre les règles et les lois, a-t-il dit. Ceci dit, certains n’avaient plus les moyens de les suivre.

Courrier International
Si le pays est choqué par le drame, [le journal, d’opposition] Ta Nea relève qu’au fil des heures, le désarroi laisse place à la colère. Tous se demandent comment une telle tragédie a pu arriver. L’origine criminelle des incendies, le manque de moyens des pompiers et l’absence de prévention de l’État, sont tout aussi responsables que les conditions météorologiques, avance le premier quotidien grec. Quoiqu’il en soit, un pays sinistré peut difficilement faire face à aux sinistres...

La Tribune
Et pays est déjà bien naufragé selon Gabriel Colletis, professeur d’économie à l’Université de Toulouse 1 : En dix ans, le recul des salaires et des pensions de retraite est considérable, supérieur à 30%. La baisse des dépenses publiques de santé et d’éducation dépasse les 40%. La pression fiscale n’a jamais été aussi forte et on ne compte plus les impôts nouveaux. Le PIB s’est effondré (-25%) de même que les investissements (-40%). Derrière ces chiffres un peu froids, on découvre une vie quotidienne des Grecs qui s’est très gravement détériorée : le chômage touche près du quart de la population active, la pauvreté s’est largement étendue, l’angoisse face à la maladie touche tout le monde, des centaines de milliers de jeunes Grecs (les mieux formés) ont quitté la Grèce à la recherche d’un emploi, hypothéquant ainsi l’avenir du pays.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante