La guerre Uber alles ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Manifestation des chauffeurs prives VTC a Paris. © Augustin LE GALL/HAYTHAM-REA

L’important mouvement de protestation et de grève des chauffeurs de la société Uber cette semaine a été émaillé d’incidents et a conduit la presse à s’interroger sur un possible coup de frein au développement d’Uber. Aperçus dans le rétroviseur.

Capital
Où l’on parle de trêve et d’ultimatum : Les conducteurs de VTC se plaignent d’une concurrence déloyale de la part d’Uber. Ils ont repris samedi (17 décembre) leurs actions de blocage de la circulation, notamment autour de l’aéroport parisien d’Orly, après avoir accepté vendredi une trêve de 24 heures pour permettre l’ouverture de discussions. C’était un ultimatum qui était fixé avec le gouvernement. Malheureusement, on est obligé de reprendre les opérations de blocage parce que dans ce pays, pour se faire entendre, on doit manifester, a déclaré Sélim, un chauffeur VTC. Ironie du sort, Uber se réfugie dans les jupes de l’État : Dans un communiqué, Uber a également demandé au ministère de l’Intérieur la mise en place d’une protection policière. A force de litanies prolibérales, l’État fait sans doute figure d’allié aux yeux d’Uber.

L’Obs
Héraut d’armes de la libéralisation à outrance, Uber annonce qu’elle va porter plainte. Mais pour son image, le mal est fait. Pour celle de l’ubérisation aussi. Cette flexibilité du marché du travail vantée par Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, apparaît sous un jour moins flatteur. Et les candidats qui voudront s’y référer devront désormais avancer avec prudence. En terrain miné. Grève, barrages, violences... les manifestations de ses chauffeurs ont porté un coup à l’image de la plateforme Uber. Et au modèle qu’elle véhicule.

Le Monde
Un véhicule d’une société qui a tendance à brûler les feux rouges : Une vidéo publiée mercredi par le San Francisco Examiner ne facilite pas la tâche d’Uber : elle montre l’une de ses voitures sans conducteur griller un feu rouge à San Francisco - une erreur humaine selon l’entreprise. Le procureur général réclamera une injonction et d’autres mesures appropriées, a menacé vendredi soir le département de la Justice de l’État de Californie. La loi votée l’an passé ne prévoit cependant pas de sanctions en cas d’infraction. On est en Californie, « home » de la Silicon Valley, quand même, mais Uber n’aime pas être freiné : Habitué des bras de fer, Uber tente à nouveau de passer en force. A San Francisco, la société américaine de transport urbain a déployé une flotte de voitures sans conducteur, sans avoir effectué les démarches nécessaires auprès des autorités californiennes. Rappelé à l’ordre et menacé de sanction, Uber a refusé, vendredi 16 décembre, de suspendre son programme d’essais. Ce n’est pas de quelconques réglementations de la route qui vont stopper l’avenir du monde selon Uber.

Le Télégramme
Et surtout pas des syndicats : La plateforme américaine de réservation de voitures avec chauffeur (VTC) Uber a annoncé dimanche avoir porté plainte contre trois syndicats et certains de leurs responsables après les violences qui ont émaillé durant le week-end le mouvement de grève des chauffeurs de VTC. Et de préciser qu’elle a été déposée pour des faits de diffamation et de menace, notamment par le biais des réseaux sociaux. On ne soulignera jamais assez les dangers de l’informatique.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante