La proportion des personnes craignant de perdre leur emploi dans l’année est passée de 17 à 25% entre 2005 et 2013, secteur privé et public confondus, selon la Dares, le service des statistiques du ministère du Travail. Deuxième observation : ces salariés, dits en emploi « stable insécurisé », ont tendance à moins faire valoir leurs droits que les autres. En 2013, 32,2% d’entre eux ont ainsi signalé avoir perdu leurs congés contre 19,4% des salariés dits en emploi « stable sécurisé », c’est-à-dire ne déclarant pas craindre de perdre leur emploi dans l’année. L’écart est encore plus important dans la Fonction publique : 40,5% contre 24%.
Les salariés en « emploi stable insécurisé » sont aussi beaucoup plus nombreux à déclarer effectuer des heures supplémentaires sans compensation, ni en salaire, ni en repos. Un comportement encore plus fréquent parmi les cadres : 38% des cadres du privé en « emploi stable insécurisé » sont concernés contre 34% des « emplois stables sécurisés » Encore une fois, les écarts se révèlent plus importants dans la Fonction publique : 47% contre 36%.
Le risque d’accident du travail augmente
Près de 13% des salariés ayant peur de perdre leur emploi déclarent manquer d’équipements de sécurité individuels, contre 7 % pour les autres. Ils sont aussi 55% à déplorer le manque de consignes de sécurité dans le secteur privé et 56,4% dans la Fonction publique. Quand ils ont des consignes, 10% des salariés du secteur privé et 10,7% des fonctionnaires « stables insécurisés » déclarent ne pas avoir les moyens de les appliquer complètement. Ce déficit dans l’application des règles de prévention contribue sans doute à augmenter le risque d’accident, estime la Dares. De fait, les salariés « stables insécurisés » signalent plus souvent que les autres avoir été victimes d’un accident du travail au cours des 12 derniers mois : 11,6% contre 7,9%.
Bien évidemment, ces salariés ont davantage de difficulté à exprimer leurs désaccords avec leur supérieur hiérarchique. Ils sont ainsi 15,7% dans le secteur privé et 18,5% dans la Fonction publique à dire « avoir toujours ou souvent des désaccords avec leur supérieur sur la façon de bien faire leur travail » mais « ne pas pouvoir en discuter », contre seulement 7,9% des salariés du privé et 9,9% des fonctionnaires en « emploi sécurisé ». En revanche, la Dares note que les salariés « insécurisés » abordent collectivement les questions d’organisation du travail tout aussi fréquemment que les autres salariés.
En proie à un sentiment d’insécurité grandissant face à la hausse du chômage, les salariés tendent à moins faire valoir leurs droits, selon une étude du ministère du Travail publiée le 18 décembre. La Fonction publique est particulièrement concernée.