La peur du chômage grandit, les droits en pâtissent

Actualités par Evelyne Salamero

En proie à un sentiment d’insécurité grandissant face à la hausse du chômage, les salariés tendent à moins faire valoir leurs droits, selon une étude du ministère du Travail publiée le 18 décembre. La Fonction publique est particulièrement concernée.

La proportion des personnes craignant de perdre leur emploi dans l’année est passée de 17 à 25% entre 2005 et 2013, secteur privé et public confondus, selon la Dares, le service des statistiques du ministère du Travail. Deuxième observation : ces salariés, dits en emploi « stable insécurisé », ont tendance à moins faire valoir leurs droits que les autres. En 2013, 32,2% d’entre eux ont ainsi signalé avoir perdu leurs congés contre 19,4% des salariés dits en emploi « stable sécurisé », c’est-à-dire ne déclarant pas craindre de perdre leur emploi dans l’année. L’écart est encore plus important dans la Fonction publique : 40,5% contre 24%.
Les salariés en « emploi stable insécurisé » sont aussi beaucoup plus nombreux à déclarer effectuer des heures supplémentaires sans compensation, ni en salaire, ni en repos. Un comportement encore plus fréquent parmi les cadres : 38% des cadres du privé en « emploi stable insécurisé » sont concernés contre 34% des « emplois stables sécurisés » Encore une fois, les écarts se révèlent plus importants dans la Fonction publique : 47% contre 36%.
Le risque d’accident du travail augmente
Près de 13% des salariés ayant peur de perdre leur emploi déclarent manquer d’équipements de sécurité individuels, contre 7 % pour les autres. Ils sont aussi 55% à déplorer le manque de consignes de sécurité dans le secteur privé et 56,4% dans la Fonction publique. Quand ils ont des consignes, 10% des salariés du secteur privé et 10,7% des fonctionnaires « stables insécurisés » déclarent ne pas avoir les moyens de les appliquer complètement. Ce déficit dans l’application des règles de prévention contribue sans doute à augmenter le risque d’accident, estime la Dares. De fait, les salariés « stables insécurisés » signalent plus souvent que les autres avoir été victimes d’un accident du travail au cours des 12 derniers mois : 11,6% contre 7,9%.
Bien évidemment, ces salariés ont davantage de difficulté à exprimer leurs désaccords avec leur supérieur hiérarchique. Ils sont ainsi 15,7% dans le secteur privé et 18,5% dans la Fonction publique à dire « avoir toujours ou souvent des désaccords avec leur supérieur sur la façon de bien faire leur travail » mais « ne pas pouvoir en discuter », contre seulement 7,9% des salariés du privé et 9,9% des fonctionnaires en « emploi sécurisé ». En revanche, la Dares note que les salariés « insécurisés » abordent collectivement les questions d’organisation du travail tout aussi fréquemment que les autres salariés.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante