95% de grévistes au « Cedex » – la distribution de plis aux entreprises –, 80% pour la distribution aux ménages : les salariés de La Poste de Rennes ont marqué leur très ferme opposition, lundi 5 septembre, à la réorganisation du temps de travail voulue par la direction.
Un très beau mouvement
, se félicite David Tennerel, représentant local FO du personnel. Sur 312 postiers du secteur de Rennes, où FO a fait 20% aux dernières élections, 150 sont concernés par le bouleversement.
A l’origine de la colère : pas moins de 26 jours de repos annuels en passe d’être supprimés. Afin de faire plus souvent travailler les facteurs et les agents courrier le samedi, la direction a en effet annoncé son intention de retrancher 39 minutes de temps de travail quotidien le reste de la semaine. Au lieu d’un samedi sur trois ou quatre jusqu’à présent, ils seront ainsi appelés au travail un samedi sur deux.
Les salariés devraient se résigner à ne plus avoir de vie privée, à ne plus avoir la sensation d’être en week-end et de se reposer,
FO demande le retrait du projet
Un avis du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a d’ailleurs souligné le problème. Mais on n’a pas de moyen coercitif pour faire appliquer ces préconisations,
Dans le cadre du préavis de grève déposé par une intersyndicale à laquelle participait FO, la direction a reçu les représentants du personnel pour une réunion, lors de laquelle ont été obtenues quelques avancées, mais pas significatives au vu de nos revendications
, expose Pascal Guéna, secrétaire départemental adjoint du Courrier à FO Com Ille-et-Vilaine.
Pour tenter de faire passer la pilule, La Poste a ainsi proposé une prime exceptionnelle, dont on ne connaît pas le montant, pour les 26 jours perdus,
L’intersyndicale a également obtenu que des heures de nuit majorées soient maintenues. La demande des salariés reste pourtant claire : le retrait du projet de réorganisation du temps de travail. Si on doit l’obtenir, ce sera par la grève,
En guise de justification pour ce bouleversement des conditions de travail, la direction fait valoir une baisse du trafic. Elles annoncent une diminution de 58% sur l’année,
Jean-Philippe Lacout, qui note que la situation rennaise est loin d’être un cas isolé, avance une autre explication : La Poste se sert systématiquement des durées hebdomadaires de travail pour économiser sur la masse salariale. On fonctionne avec des moyens de remplacement permanents (MRP), des facteurs polyvalents qui remplacent les agents pendant leurs jours de repos. Donc en enlevant tant de jours de repos, on enlève des emplois au niveau des MRP. Cela sert à instaurer de la polyvalence et de la flexibilité.
Une régression sociale et environnementale
Pascal Guéna souligne pour sa part l’incohérence des volontés de la direction : La Poste affirme être une entreprise responsable sur les plans sociétal et environnemental, alors que ce projet représente une régression sur les deux tableaux.
Pour les facteurs habitant en banlieue de Rennes, les 40 kilomètres aller-retour 26 fois par an vont coûter cher en carburant, et en émissions de carbone.
FO campe donc légitimement sur ses fondamentaux : Défense de l’emploi, augmentation du pouvoir d’achat, amélioration des conditions de travail
, rappelle Pascal Guéna. Et le projet porte selon lui atteinte à ces trois dimensions.
La direction mène des réorganisations localement, dans chacun des 3 000 collectifs de travail, cherchant semble-t-il à moins s’exposer à une réaction sociale d’envergure. Toutefois, les conflits sociaux se multiplient à La Poste, en particulier au plan local. Ça a du sens que les gens fassent part de leur mécontentement : c’est ce qu’on appelle le rapport de force.
appuie Jean-Philippe Lacout.