La prime de solidarité laisse trop de seniors de côté

Chômage par Clarisse Josselin

La « prime transitoire de solidarité », destinée aux chômeurs de plus de 60 ans en fin de droits et attendant l’âge de la retraite, est entrée en vigueur le 16 juillet. Mais ce dispositif, d’un montant de 300 euros et dont les conditions d’accès sont très restrictives, est loin de remplacer l’allocation équivalent retraite (AER), supprimée en 2011.

Cette prime mensuelle s’adresse aux demandeurs d’emploi de plus de 60 ans qui ont suffisamment cotisé pour la retraite, mais qui n’ont pas encore atteint l’âge requis pour la prendre, et vivent des minima sociaux. Elle sera versée par Pôle emploi, jusqu’à la liquidation des droits à 62 ans.

Elle aura un effet rétroactif au 1er juin 2015, selon le décret publié le 16 juillet au Journal Officiel. Pour en bénéficier, la demande doit être déposée au plus tard le 31 décembre 2017.

Les conditions d’accès sont très restrictives :

  • être né entre le 1er janvier 1954 et le 31 décembre 1955 ;
  • percevoir l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ou le revenu de solidarité active (RSA) ;
  • avoir été indemnisable d’une allocation chômage au moins un jour entre 2011 et 2014, et avoir épuisé ses droits ;
  • avoir suffisamment cotisé pour la retraite mais sans avoir atteint l’âge légal pour la prendre.

Selon le ministère du Travail, cette prime mensuelle devrait bénéficier à 38 000 personnes.

Pour FO, c’est mieux que rien pour les bénéficiaires, mais c’est insuffisant. La confédération revendique un retour à l’allocation équivalent retraite. D’un montant mensuel de 1 052,70 euros par mois (contre 800 euros pour la nouvelle prime), elle permettait aux chômeurs âgés de faire la jonction entre la fin du chômage et la retraite. Et elle n’avait pas le caractère précaire d’une prime.

« Aujourd’hui encore, des gens commencent à travailler à 16 ans et ce dispositif ne comble toujours pas le trou des dernières années, c’est du bricolage », déplore le secteur confédéral chargé du chômage.

Jean-Claude Mailly avait été interrogé par l’AFP en mai dernier, à l’annonce de la création de cette prime. Il avait estimé alors que ce dispositif « laisse encore beaucoup de gens sur le bord du chemin » car « plus on retarde l’âge légal de départ à la retraite, plus les chômeurs seniors sont nombreux à épuiser leurs allocations chômage et à se retrouver aux minima sociaux ».

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante