Lactalis : l’Etat, mauvais pasteur ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Usine Celia du groupe Lactalis specialisee dans la production de lait infantile (Craon). ©Jean Claude MOSCHETTI/REA

L’affaire du lait pour enfant Lactalis contaminé aux salmonelles ne cessant de prendre de l’ampleur, le gouvernement et même le chef de l’État se sont exprimés sur le sujet le 11 janvier, faisant couler encore un peu plus d’encre dans une presse qui s’interroge sur les responsabilités. Aperçus.

L’Express
Emmanuel Macron a assuré ce jeudi que des sanctions seraient prises dans l’affaire de produits Lactalis, qui auraient dû être retirés de la vente à la suite d’une contamination à la salmonelle, s’il s’avérait que des pratiques inacceptables avaient été commises. Comme la diminution des moyens de la DGCCRF, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes ?

Le Monde
Dans la matinée, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a tancé le groupe, déclarant avoir dû se substituer à une entreprise défaillante. Il a rappelé avoir dû signer lui-même le 9 décembre un arrêté demandant la suspension de la commercialisation des laits infantiles et le rappel de quelque 600 lots. Visiblement marqué par ce travail herculéen, il a tenu à préciser que l’État s’est substitué à une entreprise défaillante, dont je rappelle qu’elle est la seule responsable de la qualité et de la sécurité des produits mis sur le marché. On se demande même pourquoi il y a des contrôles.

Ouest-France
D’ailleurs, selon l’Institut Pasteur, qui conserve des souches anciennes et charge des analyses, la bactérie à l’origine de la contamination à la salmonelle de l’usine Lactalis de Craon (Mayenne) est probablement la même que celle qui a frappé le site en 2005. Depuis la confirmation de contamination de lots de lait infantile chez Lactalis, c’est le Centre national de référence salmonelle de l’Institut Pasteur à Paris qui enquête sur cette bactérie. D’après les analyses, les deux salmonelles, celle de 2005 et de 2017, sont extrêmement proches, a déclaré le bactériologiste Simon Le Hello, qui codirige le centre, confirmant une information de la Revue de l’industrie agroalimentaire(RIA).

Capital
La ministre de la Santé a rappelé, dans Le Parisien de vendredi, qu’aujourd’hui, les industriels sont en première ligne de la responsabilité sanitaire. Rassurant de voir la santé s’aligner sur l’économique... De leur côté, les distributeurs refusent d’être seuls cloués au pilori aux côtés du groupe laitier, le patron des centres Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, estimant même qu’il s’agit d’une défaillance systémique et pas seulement sectorielle, et épinglant des services de l’État. Apparemment les salmonelles ont le pouvoir de faire défaillir à tour de bras.

Le Parisien
À Beauvais Nord (Oise), une cliente a raconté que, lorsqu’elle a rapporté sa boîte, les employés n’étaient même pas au courant qu’il fallait l’enlever des rayons et n’avaient pas non plus la liste des laits contaminés. Contacté, le responsable du magasin ne souhaite faire aucun commentaire, soulignant enregistrer 25 000 passages en caisse par semaine et avoir plein de choses à gérer. Pourtant, si l’on en croit les bons pasteurs, le privé fait toujours mieux que le public.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante