La question centrale des contrats courts, dont la multiplication plombe les comptes de l’Unedic, était au coeur de la seconde séance du « diagnostic partagé » sur l’assurance-chômage, organisée le 25 janvier au siège du Medef. C’est le refus du patronat de surtaxer les contrats courts, une revendication unanime de l’ensemble des organisations syndicales, qui avait fait échouer les négociations en juin dernier. FO propose plus spécifiquement la mise en place d’un système de bonus/malus selon le taux de recours aux contrats précaires.
Quatre présentations étaient au programme de cette réunion qui a duré plus de quatre heures. L’Unedic, qui gère l’assurance-chômage, a présenté un document intitulé relation de travail et contrats de moins d’un mois, quelle place dans le marché du travail ?
. Cette étude montre une forte augmentation des CDD courts, qui représentent désormais près de sept embauches sur dix. En quinze ans, le nombre de contrats est passé de 1,6 million à plus de 4 millions par trimestre. Dans 84 % des cas, en 2012, ces contrats courts représentaient des réembauches par un ancien employeur, selon l’Unedic.
Une analyse un peu réductrice
Dans le même temps, les CDD de plus d’un mois sont restés stables, autour d’un million. La part globale des CDD dans l’emploi demeure autour de 9 %, tandis que les CDI représentent 76 % des contrats de travail.
L’analyse de l’Unedic se base sur le fichier national des allocataires, et ne retient que les salariés indemnisables par l’assurance chômage. Au total, elle n’inclut que 41 % des embauches effectives en CDD de moins d’un mois. Elle se concentre spécifiquement sur les relations de travail suivies
, qui concernent les salariés réembauchés à plusieurs reprises par le même employeur. Elle cible ensuite les branches où ces relations suivies représentent plus de 1 % de l’activité : l’hébergement-restauration, les activités spécialisées, scientifiques et techniques (comme les instituts de sondage) et l’hébergement médico-social.
L’analyse est un peu réductrice et faussée, estime Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi. La thèse qui se profile, c’est que tous les employeurs n’utilisent pas les contrats courts à répétition. Je crains une expérimentation du bonus-malus seulement sur les branches qui en abusent, pour ne pas taxer tout le monde. Et au final, on nous fera la démonstration inverse de ce qu’on demande.
Seul un CDD sur cinq se transforme en CDI
Une autre présentation, menée par l’Observatoire de l’intérim et du recrutement, portait sur le travail en intérim, dont le taux de recours, globalement stable depuis 2010, s’établit à 3 %. On nous a expliqué qu’il n’y avait pas de précarité, que les salariés étaient volontaires, que les missions étaient longues et que l’intérim ne plombait pas les comptes de l’Unedic, poursuit Michel Beaugas. En gros, le diagnostic et les présentations répondent à la commande du Medef, elles sont orientées.
France Stratégie a présenté une étude sur les transitions professionnelles. On y apprend notamment que seul un CDD sur cinq (20%) s’est transformé en CDI en 2014, contre un sur quatre (24%) avant la crise de 2008. La quatrième présentation, par l’Unedic, portait sur les effets de l’adhésion des employeurs publics au régime d’assurance chômage.
Comme lors de la première réunion, ces exposés n’ont donné lieu à aucune discussion. Les débats se feront au début de la prochaine séance, programmée le 8 février. Elle portera sur le fonctionnement de l’Assurance chômage. C’est le 15 février que les chefs de file se retrouveront pour décider d’une éventuelle reprise des négociations.