« Le grand huit » : le street art fait le grand écart dans un hangar

Exposition par Michel Pourcelot

Grande expo d’« art de rue » jusqu’au 31 octobre : des centaines d’œuvres rassemblées à Malakoff, en banlieue sud de Paris, dans un hangar, où ont été reconstitués une ville et ses murs. Quand l’art fait le mur (et inversement)…

Il ne s’agit pas de l’émission TV, d’ailleurs annoncée décédée pour la rentrée, ni de figures imposées ou de montagnes russes : « Le grand huit » est une exposition rassemblant « cinquante artistes urbains » relevant du street art, dont M.Chat, Nosbé et Swar. Comme pour résoudre la contradiction d’un art de rue confiné hors des rues, un simulacre de ville y a été reconstitué dans un hangar de 2000 m2 promis à la destruction, donc un lieu dit éphémère. Complété par graffeurs, breakers, open mic, dj’s, concerts, block party, le parcours de l’expo affecte la forme d’un grand huit et la palette des sujets est large comme un grand boulevard dont les trottoirs feraient le grand écart. Cela va de la poésie naïve de Mademoiselle Maurice, une Marie Laurencin du genre, à l’allégorie du recyclage écologique, en passant par l’illustration du drame des migrants.

Dans ou sur les murs ?

Nul doute que l’art de la rue entre quatre murs peut étonner mais une exposition comme celle de Malakoff n’est pas une première : ce courant artistique est aujourd’hui largement accepté, du moins sous certaines formes. Il a même déjà connu les ors du Grand Palais et de la Fondation Cartier, dûment contingenté dans sa dimension esthétique, sinon économique. S’attirant quelques critiques de graffeurs pas nés du dernier graffiti comme RCF1 : « Le street art est devenu un art officiel. Le graffiti, c’était comme une secte, très codée. Les politiques qui ont essayé de le récupérer, dès les années 90, s’y sont cassé les dents. Avec le street art, c’est plus facile. ». Ce qui ne les empêchent pas de garder le spray sacré : la Scred Connection, active depuis presque toujours, est visible dans son cœur historique, du côté de la Goutte d’Or, dans le cadre de « Paris History X », à l’Echomusée, près de Barbès. But : « montrer que le graffiti n’est pas un acte de vandalisme, mais définitivement un art comme un autre et également de retracer l’histoire du graffiti parisien (liée à la culture hip hop) depuis ses débuts dans les années 80 jusqu’à nos jours ». En prime : « archives et photos rares, ainsi que des articles de journaux retraçant l’histoire de ce phénomène mondial ». Loin d’être totalement muséifié.


« Le grand huit », exposition de street art, jusqu’au 31 octobre 2016, à la Réserve Malakoff, 7 rue Paul-Bert, 92240 Malakoff.
Tarif unique : 3 euros. Sur le Net : www.expo-legrand8.com
Et aussi : « Paris History X », jusqu’au 15 septembre, Echomusee - Goutte d’Or, 21, rue Cavé, 75018 Paris. Entrée libre.
Sur le Net : www.facebook.com/Echomusee-Goutte-dOr-282547655185975/

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante