Reculer l’âge légal à 64 ans, mesure couplée à l’accélération du calendrier de la réforme Touraine, va appauvrir les futurs retraités. Hors réforme, le rapport du COR de septembre notait déjà que le taux de remplacement médian (la différence entre le niveau de pension de retraite et les derniers salaires) a diminué de presque 5 points entre les générations 1938 et 1948, passant de 79,2 % à 74,5 %. L’évolution des pensions est moins dynamique que celle des salaires en fin de carrière.
Et cette baisse du montant des pensions devrait se poursuivre pour ceux nés au début des années 1960 et 1970
, souligne le COR. Les précédentes réformes des retraites sont passées par là... Conséquence : le niveau de vie médian des retraités (1 818 euros par mois, une personne sur deux étant en dessous) devrait diminuer à long terme
entre 2030 et 2070 selon ce rapport. Autre effet indirect du recul de l’âge affectant les pensions : le chômage. Il y a un an, une étude de la Dares pour le COR insistait sur ce point : Les dépenses d’allocation de retour à l’emploi […] auraient été rehaussées d’environ 1,3 milliard d’euros en 2019 si l’âge légal de la retraite avait été décalé de 62 à 64 ans.
Un constat qui apporte de l’eau au moulin de FO, rappelant l’aberration de cette réforme : La moitié des seniors ne sont plus en emploi, mais au chômage ou en invalidité
avant même de liquider leur retraite.
Vers plus de précarité
En outre, l’obligation de travailler jusqu’à 64 ans risque de restreindre la possibilité d’accéder à un taux plein sans décote (il faudra avoir cotisé 172 trimestres dès 2027 pour ceux nés en 1965). Arguant de la reprise économique, le gouvernement joue en effet sur un autre couperet en parallèle : sa réforme drastique de l’Assurance chômage. En particulier la baisse de la durée d’indemnisation, de 25 % depuis février. Or, la précarité est toujours là. En janvier dernier, la Dares notait une forte reprise des contrats courts chez les demandeurs d’emploi, en hausse de 8,8 % entre fin 2021 et fin 2022. Difficile d’en faire des projections à long terme. Mais pour Michel Beaugas, si la réforme passe on verra le nombre de seniors inscrits au chômage ou au RSA augmenter
. Avec le risque de voir s’effondrer leur pension de retraite, voire pour certains de basculer vers le minimum vieillesse…