Le jeune Karl Marx : un jeune homme moderne à l’affiche

Cinéma par Michel Pourcelot

Les films sur Karl Marx ne sont pas légion. Aujourd’hui et actuellement en salle, voici Le jeune Karl Marx, un film qui le restitue jeune, face au « vieux monde », toujours d’actualité malgré ses habits neufs. Le patriarche à la barbe blanche, ça c’était avant le film de Raoul Peck.

Il y a 150 ans était publié le premier des trois volumes de son ouvrage le plus connu, Le Capital. Un anniversaire doublé d’un film sur sa jeunesse intitulé Le Jeune Karl Marx, signé du réalisateur haïtien Raoul Peck, à qui l’on doit déjà Lumumba (2000) et I Am Not Your Negro (2016), nominé cette année pour l’Oscar du meilleur documentaire. Né en 1818, Karl Marx a 25 ans quand, fuyant la censure allemande, il arrive en 1843, dans le Paris de l’après-Trois Glorieuses, ces journées révolutionnaires venues à bout du très réactionnaire roi Charles X qui s’était entêté à gouverner par ordonnances. Le jeune Karl Marx, désargenté et son épouse Jenny, en rupture de ban, sont hébergés par des compatriotes. Il rencontre Proudhon et Bakounine mais aussi des Allemands, dont un certain Friedrich Engels, de deux ans son cadet. Le début d’une longue collaboration. Et les principaux protagonistes d’un film d’action. Car, malgré les difficultés et le manque des moyens, ils se confrontent de suite à la réalité de la révolution industrielle qui lamine tout, hommes, femmes et enfants.

Pour les têtes qui pensent vraiment et les esprits libres

Raoul Peck dit avoir voulu s’adresser à un public jeune d’autant que ce n’est pas une histoire du passé mais d’aujourd’hui, car nous sommes encore en plein dans une société capitaliste. Et un film d’actualité, souligne-t-il, Marx ne dénonçait-il déjà pas le fait que même les relations humaines deviennent des rapports de marchandises. Jeunes et modernes, Marx et ses amis se sont dressés contre le « vieux monde », cherchant à réunir les têtes qui pensent vraiment et les esprits vraiment libres. Pour Raoul Peck, Marx et ses amis auraient sans doute été exécutés par les régimes se réclamant de son nom, des régimes abolissant l’individu alors que Marx soulignait que l’émancipation de tous passait par l’émancipation de chacun.

 

Le jeune Karl Marx, long-métrage de Raoul Peck, avec August Diehl (Karl Marx), Stefan Konarske (Friedrich Engels), Vicky Krieps (Jenny Marx), Olivier Gourmet (Pierre-Joseph Proudhon).
Durée : 1h58. Sorti le 27 septembre 2017.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante