Le nombre d’emplois à temps partiel a doublé 35 ans

Emploi par Nadia Djabali

Le temps partiel représente aujourd’hui 20% des emplois. L’évolution est continue depuis les années 1960 où le temps partiel représentait 5% des emplois, et en 1983 un emploi sur dix. Même si les hommes sont plus nombreux, ces emplois sont occupés à 80% par des femmes.

Féminisation de l’emploi après 1945, tertiarisation de l’économie, multiplication des politiques incitatives de recours au temps partiel dans les années 1990, augmentation des difficultés d’insertion sur le marché du travail, développement des contrats courts. Autant d’explications invoquées par la Dares qui vient de publier une étude sur le temps partiel.

Pis-aller ou choix délibéré ?

Pour les employeurs, le temps partiel est surtout un moyen d’ajuster la main-d’œuvre à son rythme d’activité. Côté salariés, que ce soit un pis-aller ou un temps de travail choisi, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. L’occupation d’un temps partiel peut être la conséquence d’un choix limité d’emplois mais il peut également, pour une minorité de travailleurs, provenir d’un choix délibéré.

Les femmes et les hommes ont des motivations différentes. Les hommes mettent en avant l’exercice d’autres activités professionnelles, la formation ou des problèmes de santé. Les femmes, des raisons familiales ou domestiques. Depuis les années 2000, le taux se stabilise chez les femmes, et il croît chez les hommes, même si, pour ces derniers ce taux ne dépasse guère 5 %.

Six parcours répertoriés

La direction des études du ministère du Travail a scruté le parcours professionnel des actifs en première partie de carrière, c’est-à-dire âgés de 20 à 40 ans. Karine Briard, la rédactrice de l’étude, distingue six cas de figure :

• « Le temps partiel continu », qui concerne 25 % des personnes âgées entre 20 et 40 ans connaissant un épisode de temps partiel. Une situation qui touche plutôt des cadres, fonctionnaires de catégorie A et ingénieurs.

• « Le temps partiel d’entrée » dans le marché du travail (16 % des personnes à temps partiel âgées entre 20 et 40 ans). Un parcours suivi à 40 % par des hommes alors qu’ils ne représentent que 16 % de la population à temps partiel entre 20 et 40 ans.

• « Le temps partiel tardif » (16 % des personnes à temps partiel âgées entre 20 et 40 ans) intervient quelques années après un arrêt d’activité faisant suite à la naissance des enfants. Les personnes qui suivent ce type de parcours sont à 98 % des femmes. Le temps partiel apparaissant comme une voie de reprise d’activité.

• « Le temps partiel peu actif » (21 % des personnes à temps partiel âgées entre 20 et 40 ans), 93 % de cette catégorie sont des femmes qui alternent emplois courts (à temps complet ou partiel) et des longues périodes sans travail. Ces salariées cumulent contraintes familiales et grandes difficultés à accéder à des emplois stables, de qualité et à temps complet.

• « Le temps partiel transitoire » (12 % des personnes à temps partiel âgées entre 20 et 40 ans), une situation par défaut entre deux emplois à temps complet. Il concerne des personnes peu diplômées ayant des difficultés à accéder à un emploi.

• « Le temps partiel permanent » (10 % des personnes à temps partiel âgées entre 20 et 40 ans) occupé à 94 % par des femmes. À 40 ans, 90 % d’entre elles ont signé un CDI dans des secteurs non tertiaires. Un temps de travail déterminé par le souhait de donner plus de place à la vie personnelle tout en conservant un lien important avec le monde du travail. Dans ce cas, la réduction d’activité est facilitée par la stabilité du poste et les garanties sur le maintien du poste occupé.

Le secteur des services

Principal pourvoyeur d’emplois à temps partiel : le secteur des services. La grande distribution, l’hébergement-restauration et les activités de nettoyage en entreprise comptent plus de trois emplois sur dix à temps partiel. Des secteurs qui emploient des salariés peu qualifiés pour lesquels le temps partiel est parfois la seule forme d’emploi proposée. En 2011, un tiers des salariés à temps partiel travaille ainsi faute d’avoir trouvé un temps complet.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante