Le public livré au PACTE des loups ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Une vague de privatisations s’annoncerait, selon les médias, via la loi PACTE (Pacte, Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), qui sera présentée le 18 avril au conseil des ministres. Aperçus dans la presse.

Le Télégramme
Le gouvernement va enclencher la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) et de la Française des jeux (FDJ). Il va modifier dans sa loi Pacte les seuils minimums de détention de ces entreprises. Reste à déterminer les parts qui seront cédées. À défaut de la part du lion, peut-être celle du loup.

La Tribune
Les propositions de réforme contenues dans le projet de loi PACTE vont faire entrer les entreprises françaises dans un monde nouveau. [...] On ne sait pas si, comme le souhaite Bruno Le Maire, les propositions de réforme vont permettre de réconcilier les Français avec l’entreprise, mais ce qui est certain c’est qu’elles vont renforcer la place de cette dernière dans la Cité. Les dirigeants d’entreprises ont désormais les capitaux et les ressources juridiques nécessaires pour devenir de véritables entrepreneurs politiques en dehors de toutes délibérations et mandats démocratiques, concèdent l’universitaire Bertrand Valiorgue, professeur de stratégie et gouvernance des entreprises, et Xavier Hollandts, professeur de Stratégie et Entrepreneuriat à la Kedge Business School.

Le Point
Le nom de Groupe ADP, qui gère les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et d’Orly, est cité depuis des mois, avec la Française des jeux et Engie, parmi les entreprises qui pourraient être privatisées. Ces privatisations visent également à recentrer le portefeuille public sur les actifs considérés comme essentiels. L’État actionnaire doit être présent dans des secteurs stratégiques, où notre souveraineté est en jeu. Pour le reste, ce n’est pas le rôle de l’État que de recueillir régulièrement des dividendes, a souligné jeudi, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, pour qui le service public ne semble apparemment pas la prime obsession.

Sud Ouest
En revanche certains se voient déjà gâté leurs actionnaires : Plusieurs candidats au rachat se sont déjà faits connaître. Parmi eux, le groupe français Vinci fait office de favori. Il possède actuellement 8% des parts d’ADP. Il ne devrait pas avoir à attendre très longtemps : La loi sera envoyée au conseil d’État la semaine prochaine, puis présentée en conseil des ministres mi-avril, avant d’être votée au parlement à l’automne. Si ce calendrier est respecté, la privatisation pourrait survenir fin 2018. L’exploitation des aéroports sera alors cédée au plus offrant, pour une concession longue mais à durée déterminée (entre 70 et 90 ans). Une décision qui intervient en plein débat houleux sur la vente de l’aéroport de Toulouse à un actionnaire chinois.

Le Monde
Les privatisations ne coulent pas toujours de source : au Royaume-Uni, la privatisation de l’eau est sous le feu des critiques. Le gouvernement hausse le ton contre les gestionnaires du réseau, accusés d’engraisser leurs actionnaires et de fournir un mauvais service. [...] Depuis 1989, elle est privatisée. Dix-huit entreprises ont obtenu des monopoles régionaux, quasiment sans limite de temps (l’État peut révoquer la licence en prévenant… vingt-cinq ans à l’avance). D’ici-là l’eau peut passer sous des ponts d’or. De plus, l’industrie est contrôlée par des actionnaires lointains – souvent des fonds de pension étrangers ou des fonds souverains – qui semblent plus intéressés par l’ingénierie financière que par l’ingénierie réelle, accuse le ministre britannique de l’environnement. De 2007 à 2016, note-t-il, les dix-huit monopoles ont reversé 95 % de leurs profits à leurs actionnaires. L’argent fuit le secteur plutôt que d’être réinvesti ou de profiter aux consommateurs. Les vertus du privé ne sont pas toujours celles du public.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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