Le respect des retraités passe par des pensions et un financement de l’autonomie à la hauteur des besoins

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

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L’année 2020 a été catastrophique pour les retraités, si l’année 2021 l’est moitié moins, ça sera déjà pas mal lançait avec une pointe d’humour Didier Hotte, le secrétaire général adjoint de l’Union Confédérale des Retraités-FO (UCR-FO) en ouverture ce 14 janvier d’une conférence de presse en visioconférence réunissant les neuf organisations de retraités. Cette nouvelle année apporte-t-elle déjà des éléments positifs, notamment en ce qui concerne le pouvoir d’achat et la prochaine loi autonomie ? Pour l’instant pas vraiment. Alors, après celle du 17 novembre, le Groupe des 9 prévoit d’ores et déjà une action de protestation sans doute en mars.

Si les retraités (17 millions de personnes en France) prennent note de l’augmentation de toutes les pensions au 1er janvier, reste que la hausse de 0,4% n’est pas faramineuse et très en dessous de ce qu’il faudrait pour simplement maintenir le pouvoir d’achat à son niveau actuel appuie Didier Hotte, le secrétaire général adjoint de l’UCR-FO. Autant dire que pour le Groupe des 9, soit les neuf organisations de retraités, le compte n’y est pas. Et c’est hélas une fois de plus. Depuis vingt-deux ans toutes les raisons sont bonnes pour justifier une réduction des pensions : le nombre “pléthorique“ des retraités, l’endettement du pays, celui de la Sécurité Sociale et aujourd’hui la crise sanitaire et économique liée à la pandémie peste les organisations.

Alors que le pouvoir d’achat des retraités ne cesse de reculer depuis des années, ce n’est donc pas cette augmentation minimaliste qui risque de mettre frein à la chute. Et Didier Hotte rappelle le contexte dans lequel se situe, depuis des années, cette absence de vraie revalorisation, celui de l’inflation, de la hausse des tarifs de l’énergie, des transports… Et de rappeler qu’aujourd’hui déjà près d’un retraité sur trois n’a pas 1000 euros brut par mois et quatre retraités sur dix survivent avec le minimum de pension.

Les organisations dont la carte-pétition en ligne, s’adressant au président de la République, a déjà reçu près de 50 000 signatures revendiquent donc plus que jamais une augmentation immédiate de 100 euros par mois pour un rattrapage du pouvoir d’achat. Elles demandent toujours aussi l’indexation des pensions sur les salaires et non sur l’inflation comme actuellement (depuis 1987).

De plus en plus de retraités ont recours aux aides alimentaires

Pour que chacun visualise mieux ce que signifie la perte de pouvoir d’achat des retraités -de 20% en douze ans-, le Groupe des 9 a effectué aussi quelques calculs. Ainsi, de 2008 à 2019, les prix, hors tabacs, ont augmenté selon l’Insee de 12,93 %, le Smic de 20,3 %, mais les pensions de 8,60 % et les complémentaires de 6 à 8 %. L’augmentation de 25 % de la CSG a été le moyen de réduire le pouvoir d’achat des retraités en contournant l’impossibilité légale de réduire les pensions.

Traduction concrète de cet appauvrissement : les organisations de retraités expliquent qu’en septembre 2020, une personne âgée de soixante-dix ans et plus sur deux déclarait avoir des difficultés financières, selon une enquête Opinion Way. La France, 6e puissance économique au monde, compte plus d’un million de retraités pauvres en 2019. La crise sanitaire a considérablement aggravé leur situation et de plus en plus de retraités ont recours aux aides alimentaires.

La tendance pourrait-elle s’inverser ? Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) est arrivé en fin d’année comme un nouveau coup de massue, évoquant des perspectives pour le moins inquiétantes. Ainsi, selon le COR, s’indignent les retraités : la part des dépenses de retraite dans le PIB, passé le dur moment de la crise sanitaire, va baisser continuellement et sûrement. De 13,6 % avant la crise, elle arrive¬rait entre 11,6 et 13,4 % en 2070, selon les scé¬na¬rios éco¬no¬mi¬ques. Il y aura bien plus de per¬son¬nes en retraite, mais elles se par¬ta¬ge¬ront un plus petit “gâteau“, une plus petite pension par rapport au salaire moyen.

Les organisations s’opposent à un tel scénario à l’horizon 2070. Scénario qui s’appuye sur l’application de toutes les réformes sur les retraites. Chute des pensions d’un tiers, baisse du niveau de vie d’un quart pour les personnes qui sont et qui vont être en retraite : les gouvernements ont fait le choix de sacrifier les ainés s’indigne le Groupe des 9.

Loi Autonomie : beaucoup de questions…

L’autre sujet de préoccupation est la prochaine loi sur l’autonomie dite loi Grand âge. Les organisations qui ont rencontré le 13 janvier, en visioconférence, des membres du cabinet de la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, n’ont pas reçu toutes les réponses souhaitées.

Le rapport Libault servira-t-il de référence ? (Il évaluait en 2019 le besoin de financement supplémentaire pour l’autonomie à plus de 9 milliards d’euros en 2030 contre les 30 milliards d’euros prévus pour l’instant) Quel sera le périmètre de la loi, dont on ne connait pas encore le calendrier ? Celle-ci traitera-t-elle aussi du handicap ? Sur quel financement s’appuiera-t-elle ? Autant de questions sur la prochaine loi Grand Age.

La revendication de FO : un 5e risque inscrit dans la branche maladie

Nous pensons que l’autonomie se traitera dans le cadre de la Sécurité sociale, mais nous n’avons pas de garantie souligne Didier Hotte. Le gouvernement a déjà prévu -deux lois ont d’ailleurs été adoptées l’été dernier- que la question de l’autonomie soit traitée au sein d’une 5e branche de la Sécurité sociale, laquelle intègre aussi la question du handicap. FO demandait au contraire que l’autonomie face l’objet d’un nouveau risque, relevant de l’Assurance maladie.

Pour le gouvernement, indiquait ce 14 janvier Didier Hotte, cette loi Grand Age serait une loi de sortie de crise, et pas au rabais. Ce serait une loi sur l’autonomie mais il voudrait la sortir du “domaine sanitaire“ pour en faire une loi en quelque sorte plus sociétale. Selon lui, elle serait le pendant de celle de 2005 sur le handicap. Pour le gouvernement encore, la question des métiers liées au grand âge et la disparité de ces derniers sur le territoire, problème pointé par les organisations, serait un sujet majeur.

Pour un financement de l’autonomie à la hauteur des besoins

Dès cette année, le financement de la branche autonomie se fait notamment via une part de CSG apportant autour de deux milliards d’euros. Et c’est pour commencer lance, telle une alerte, Didier Hotte évoquant ce poids croissant de la CSG. Or, rappelle-t-il, la Sécurité sociale, par ailleurs indument lestée du poids d’une dette liée aux dépenses Covid, est indissociable des cotisations. Ainsi, souligne le militant, augmenter les cotisations patronales dans le cadre du financement de l’autonomie pourrait fort bien se comprendre.

Cette somme de quelque deux milliards d’euros doit aller en grande partie aux Ehpad, notamment pour permettre la création de 100 000 nouvelles places. Côté recrutement de personnels, les organisations qui souhaiteraient un grand service public de l’autonomie évaluent les besoins à 300 000 embauches : 200 000 pour les Ehpad et 100 000 pour les services à domicile. Plus largement, le Groupe des 9 fustigeant un financement de l’autonomie très insuffisant demande que la prochaine loi Grand Age fasse l’objet d’un financement à la hauteur des besoins.

La pétition en ligne :



La France a besoin d’un plan de relance du pouvoir d’achat des salariés et des retraités. Les retraité.e.s en ont besoin pour eux et leur famille, notre économie en a besoin, car ils ne sont pas seulement des consommateurs utiles à l’économie, ils participent à hauteur de 8 % à la production de richesses en France. Souvent, ils aident financièrement leurs enfants et petits enfants touchés par le chômage.

* 100 euros de suite pour rattraper notre pouvoir d’achat, à valoir sur la revalorisation des pensions calculée sur l’évolution du salaire moyen.
* Accès à la santé pour tous.
* Prise en charge de la perte d’autonomie à 100 % dans la branche maladie de la Sécurité sociale.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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