Le travail de nuit a plus que doublé en vingt ans

Une étude de la Dares par Clarisse Josselin

Article publié dans l’action Dossier Compte pénibilité

Selon le ministère de l’Emploi, 3,5 millions de salariés travaillaient occasionnellement ou régulièrement en horaires nocturnes en 2012. Bien que reconnue comme pénible, cette forme d’organisation du travail progresse, particulièrement chez les femmes.

La proportion de salariés travaillant entre minuit et 5 h du matin est en hausse, selon une étude de la Dares, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques -ministère de l’Emploi, parue en août 2014. Le travail de nuit occasionnel ou habituel concernait 15,4 % d’entre eux (21,5 % des hommes et 9,3 % des femmes) en 2012, soit 3,5 millions de personnes. C’est un million de plus qu’en 1991. Quant au travail nocturne régulier, il a plus que doublé en vingt ans, passant de 3,5 % des salariés en 1991 à 7,4 % en 2012.

Cette hausse touche particulièrement les femmes, que la loi autorise, depuis 2001 seulement, à travailler de nuit dans l’industrie. Elles représentent désormais 30 % des travailleurs nocturnes. Leur nombre a doublé en vingt ans, passant de 500 000 en 1991 à un million en 2012. Chez les hommes, le travail de nuit régulier a augmenté de 25 % sur la même période.

La motivation peut être financière en période de crise. Mais selon l’étude, le salaire d’un travailleur de nuit est en moyenne supérieur de seulement 8,1 % à celui d’un travailleur de jour. En contrepartie, les conditions de travail sont plus difficiles, avec des facteurs de pénibilité physique plus nombreux et davantage de pression et de tensions.

FO en lutte contre les abus

Dans le tertiaire, le travail de nuit concerne 30 % des salariés dans la fonction publique et 42 % dans les entreprises privées de services. Les professions les plus concernées sont les conducteurs de véhicules, les professionnels de la sécurité (pompiers, militaires, police), les soignants (infirmiers, sages-femmes, aides-soignants) et les ouvriers qualifiés des industries de process. Il touche aussi beaucoup d’agents d’entretien ou de salariés de l’hôtellerie-restauration.

Le travail de nuit, qui a des effets avérés sur la santé, est réalisé davantage par les intérimaires, les hommes trentenaires et les femmes de moins de 30 ans.

FO se bat depuis des années contre la généralisation du travail de nuit et multiplie les actions en justice pour que la législation sur le temps de travail soit respectée. Avec d’autres organisations syndicales, elle avait attaqué le magasin Sephora (groupe LVMH) des Champs-Élysées qui ouvrait après 21 h. Dernière victoire en date, la Cour de cassation a donné raison au collectif le 24 septembre, estimant que le recours au travail nocturne n’était pas « inhérent à l’activité » du parfumeur. Les juges, qui se prononçaient pour la première fois sur cette question, estiment que « le travail de nuit ne peut pas être le mode d’organisation normal au sein d’une entreprise ».

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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