Une fois n’est pas coutume, faisons appel à Coluche pour illustrer notre propos. Il y aura des hommes blancs, des hommes noirs, des hommes jaunes, des hommes grands, des hommes petits, des hommes beaux, des hommes moches et tous seront égaux, mais ce sera pas facile ! […] Y en a même qui seront noirs, petits et moches et pour eux ça sera très dur !
Cette citation pourrait être un bon résumé de l’état des discriminations dans le monde professionnel, si l’humoriste n’avait pas oublié une catégorie pour qui c’est encore plus dur : les femmes africaines, arabes ou asiatiques âgées de 18 à 44 ans, donc concernées par une maternité éventuelle.
C’est l’un des constats du 10e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi, copiloté par le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT). Toutes catégories confondues, les femmes actives âgées de 18 à 44 ans concentrent un taux global de discrimination de 46 %. Le taux monte à 53 % pour celles qui sont âgées de 18 à 34 ans, et il bondit à 65 % pour celles classées dans la catégorie des extra-européennes.
Risques démultipliés en cas de cumul
Deux autres groupes sociaux sont particulièrement la cible des discriminations dans l’emploi : les jeunes hommes de 18 à 34 ans d’origine extra-européenne et les femmes en situation de handicap. Une personne sur deux a eu une expérience allant dans ce sens.
Autre constat, le monde du travail apparaît dans le top 3 des milieux les plus discriminants, juste derrière les contrôles de police et devant la recherche d’un logement, notamment pour ceux qui sont à la recherche d’un emploi.
Pour preuve, la moitié des 5 200 réclamations reçues en 2016 par le Défenseur des droits Jacques Toubon concernent l’emploi. L’origine, le handicap et l’état de santé étant les trois premiers motifs de saisine. Et le taux de non-recours est particulièrement élevé : seulement une personne sur dix engage des démarches lorsqu’elle s’estime discriminée à l’embauche et une sur quatre lorsqu’elle constate que sa carrière piétine pour causes discriminatoires.
Le baromètre a retenu six critères discriminatoires : l’âge, le sexe, la grossesse ou la maternité, l’origine ou la couleur de peau, les convictions religieuses et le handicap ou l’état de santé. Et lorsqu’une personne cumule les critères, les risques et expériences de discrimination sont démultipliés. Le groupe social le moins concerné est celui des hommes « blancs » âgés de 35 à 44 ans et ayant des enfants de plus de 6 ans.