De 200 à 300 chauffeurs de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) se sont rassemblés le 13 novembre devant le ministère des Transports, à l’appel de deux syndicats dont FO-Capa VTC. Les syndicats du secteurs étaient reçus dans la matinée par la ministre Elisabeth Borne. FO, qui avait appelé les chauffeurs à faire grève, a fait part de son mécontentement.
La mise en application de la loi Grandguillaume de décembre 2016, qui vise à mieux réguler le transport public de personnes, était au cœur des discussions. Selon cette loi, le statut VTC sera obligatoire en 2018 pour exercer dans les grandes agglomérations. Pour l’obtenir, les chauffeurs ont jusqu’au 31 décembre 2017 pour passer un examen commun avec les chauffeurs de taxis ou, s’ils ont déjà un an d’ancienneté, demander une équivalence en préfecture. L’objectif est d’en finir avec le détournement du statut Loti, en théorie limité au transport collectif de personnes.
Or le 10 novembre, la ministre a annoncé dans Le Parisien qu’un délai supplémentaire de trois mois, soit jusqu’en mars 2018, leur serait accordé pour se mettre en conformité, à condition d’avoir entamé les démarches fin 2017.
Pour gagner sa vie, il faut rouler 14 ou 15 heures non stop
Un répit inadmissible pour le syndicat FO-CapaVTC. Mme Borne a plié face aux lobbies de la Fédération française du transport de personnes sur réservation
, dénonce le secrétaire général Helmi Mamlouk, cité par Le parisien. Ce délai va créer un appel d’air alors que le marché est déjà complètement saturé, on est plus de 25 000 chauffeurs
, ajoute Marc Niederlender, secrétaire adjoint de FO Capa VTC.
Le syndicat FO souhaite également une reconnaissance du métier et la mise en place d’un tarif minimum pour les courses. Nous voulons entamer des discussions pour que les chauffeurs VTC intègrent la convention collective des transports routiers, comme les taxis ou les ambulanciers, où on parle de tarifs minimum
, poursuit le représentant FO. Il revendique aussi la mise en place d’un numerus clausus.
Aujourd’hui, il y a énormément de VTC, il faut mettre un frein à la paupérisation, poursuit-il. Le modèle n’est pas viable. Les tarifs sont tellement bas que pour gagner sa vie, il faut rouler 14 ou 15 heures non stop et il y a forcément une perte de vigilance. Le taux d’accident est quatre fois plus élevé chez les VTC que les taxis. Il faut prendre le sujet à bras le corps.
Menace d’opérations de blocage
Une bonne nouvelle dans le paysage, le tribunal du travail de Londres a décidé le 10 novembre que la plateforme numérique Uber devait rémunérer ses chauffeurs au salaire minimum et leur offrir des congés payés. Uber est interdit dans plusieurs pays d’Europe, pourquoi est-ce qu’en France on laisse faire ?
, s’interroge Marc Niederlender.
La ministre, qui recevait également dans la journée des représentants des taxis et des plateformes, doit donner sa réponse le 14 novembre. Si elle est mauvaise, si le délai de trois mois est accordé et qu’aucune discussion n’est ouverte sur un tarif plancher, on bloquera Paris avant les fêtes, prévient le secrétaire adjoint du syndicat. Ça fait trois ans qu’on lutte. On a été les bons élèves, on a accepté de discuter et on s’aperçoit qu’on se fait avoir. Ça suffit.