Les déchets, toute une philosophie

Livre par Michel Pourcelot

Un livre qui ambitionne de voir les déchets autrement. Dans son Guide philosophique des déchets l’auteur entreprend une soigneuse dissection de la notion de déchet. A lire avant le nettoyage de printemps.

Ne pas jeter sur la voie publique : cet ouvrage contient toutes sortes de déchets. Qu’ils soient physiques (du nucléaire à l’obsolescence programmée), symboliques (de la dette aux chômeurs) ou culturels (de la pub à l’art moderne). Son but : montrer que le déchet fait « partie intégrante du système qu’il finit par structurer économiquement, symboliquement et culturellement ». Auteur fort prolifique, une cinquantaine d’ouvrage, dont « L’avenir est notre poubelle » (Sulliver, 2010), plus de nombreux scénarios de BD, Jean-Luc Coudray en vient même à considérer sous cet angle le puritanisme, la pornographie et la « société échangiste ». Il n’est pas avare de mots crus, qualifiant notre civilisation de « monstre thermodynamique ».

La philosophie dans la décharge

On a connu plus philosophique en matière de déchets notamment avec l’ouvrage de Cyrille Harpet, « Du déchet. Philosophie des immondices » (L’Harmattan, 1999), pour qui « la masse détritique, les immondices offrent au philosophe la possibilité de réactiver les problématiques du corps et de l’esprit, des savoirs, des représentations et des pratiques relatives aux matières abjectes ». Certes réfléchi, l’ouvrage de Jean-Luc Coudray n’en est pas moins un pamphlet non dénué d’humour, traduit par des aphorismes ponctuant les chapitres. Il ne fait guère mystère de son opposition à la croissance à tout prix, pas plus, bien sûr, que de son intérêt certain pour la décroissance. Pour lui, le déchet n’est qu’une « composante incontournable de nos modes de vies et de nos cultures ». Bref, un livre où l’on trouvera à boire et à manger.

Guide philosophique des déchets, de Jean-Luc Coudray, paru aux Editions i, collection Tags, le 4 avril 2018. 280 pages. Prix : environ16,00 €

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante