Les deux frères et les lions : quand le capitalisme se mange froid

Théâtre par Michel Pourcelot

Ressemblant à un conte mais basée sur une histoire vraie, cette pièce, narre les aventures de deux frères issus des quartiers pauvres de Londres et devenus milliardaires. Pour cela, ils n’auront pas hésité à employer les mêmes méthodes que ceux qui les avaient humiliés.

Orphelins de père, deux jumeaux d’origine écossaise, grandissent dans les années 30 et 40 au cœur d’un quartier pauvre de Londres, dans un environnement digne de Charles Dickens. Ils sont, entre autres, vendeurs de journaux, proposent des idées de vente, mais sont rejetés et méprisés. Ils vont devenir l’une des premières fortunes de Grande-Bretagne. Et rachèteront le journal. Entre autres. L’Empire britannique se décompose : ils édifient le leur en son sein. Les deux frères mangent du lion. Avec délectation tant, selon l’auteur, ils ont eu soif de revanche. Quitte à employer des méthodes dont ils ont eu à souffrir. Bardé de millions, ils s’établissent dans une île anglo-normande, paradis fiscal, of course, veulent faire hériter leurs filles respectives, mais se heurtent à la population et aux coutumes locales, fondées sur le droit normand, même au début du XXIe siècle. L’Europe leur donnera finalement raison, en 2010, en abrogeant ces coutumes féodales.

Frankenstein ultralibéral

Voulant souligner la faculté qu’ont parfois les sociétés démocratiques de fabriquer leurs propres monstres, la pièce est un two men show, jouée par deux filles (dont l’auteur Hédi de Clermont-Tonnerre) et parfois, selon les représentations, avec un alter ego masculin. Les deux personnages sont vêtus de leurs survêtements « trois bandes » et mènent violemment, survoltés plutôt que révoltés, leurs conquêtes capitalistiques, n’hésitant pas à licencier à tour de bras, se forgeant un empire dans la presse, l’immobilier et la grande distribution, avant d’être anoblis. Les jumeaux se révèlent paranoïaques et aussi froids que les eaux glacées du calcul égoïste, retournant contre tous les armes qui voulaient les contraindre à rester dans la misère. Tels des jumeaux créés par un Frankenstein ultralibéral.

 

Les Deux frères et les lions, pièce de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, mise en scène par Vincent Debost et Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, interprétée par Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre et Lisa Pajon (ou Romain Berger). Durée 1h.
 Paris : jusqu’au 26 novembre au Théâtre de Poche-Montparnasse, 75 bd du Montparnasse, 75006 Paris. Représentations du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h30.Relâches exceptionnelles les 8 et 9 novembre. Tarifs à partir de 24 €. 10 € pour les moins de 26 ans. Réservations : 01 45 44 50 21.
 Laon (Aisne) : le 9 novembre, à la Maison des Arts et des Loisirs. Tel. : 03 23 26 30 30.
 Lamballe (Côtes-d’Armor) : les 1er et 2 décembre, au Quai des Rêves. Tel. : 02 96 50 94 80.
 Bellac (Haute-Vienne) : le 3 avril 2018 au Théâtre du Cloître. Tel. : 05 55 60 87 61.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante