Ce constat, l’AFOC n’est pas la seule à l’avoir fait, et bien avant elle, avec des moyens colossaux à leur disposition, les géants du numérique ont bien compris l’intérêt qu’ils avaient à capter les données des consommateurs pour faire tourner leurs services.
Contrairement à l’économie marchande classique où nous consommons un bien et un service en échange d’un paiement, en matière d’économie numérique nous alimentons nous même la machine à l’aide de nos données. Et ces données valent de l’or pour des géants tels que Google, Apple, Amazon et Facebook (souvent désignés sous le sigle GAFA), qui captent à eux seuls la majorité des données numériques présentes sur les réseaux, ce qui leur a permis de construire dans leur secteur respectif une position hégémonique. Position hégémonique qu’ils parviennent à conserver du fait de leur capacité à stocker et traiter des données en masse, ce qu’un nouvel entrant sur le secteur ne parviendrait à faire qu’au prix de lourds investissements.
Ce constat, le législateur européen l’a lui aussi tiré. Cela s’est traduit par l’adoption du Règlement UE 2016/679 dit Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), qui est venu renforcer et compléter la protection des données personnelles des consommateurs et des utilisateurs des services numériques. Ce règlement est entré en vigueur en mai dernier.
Toutefois, même si la protection de nos données est assurée et sanctionnée par ce corpus de règles, il n’en reste pas moins nécessaire pour les consommateurs et leurs associations comme l’AFOC de devenir acteurs de cette nouvelle société numérique et d’exiger des pouvoirs publics, si ce n’est une patrimonialisation de nos données, du moins un contrôle effectif du respect des textes. Il convient également d’obtenir des géants du numérique, le versement d’une contribution plus importante, à due proportion, des profits générés au sein de chaque État.
Pour l’AFOC, imposer l’usage qui est fait de nos données, « carburant » de la nouvelle société numérique, permettrait ainsi de financer, via ce prélèvement sur les bénéfices réellement réalisés, nos services publics, piliers indispensables de notre société et de notre République.