Les enfants très perturbés par les perturbateurs endocriniens

Société par Françoise Lambert

Les enfants sont largement contaminés par les perturbateurs endocriniens, selon une étude de 60 Millions de consommateurs. Le magazine pointe un risque sanitaire majeur et exhorte les pouvoirs publics à agir.

Phtalates, bisphénols, pesticides, métaux lourds… : sur 254 perturbateurs endocriniens recherchés dans des cheveux d’enfants de 10 à 15 ans, une moyenne de 34 substances toxiques a été retrouvée par enfant. Tels sont les résultats alarmants d’une étude d’ampleur menée par 60 millions de consommateurs.

Tous les enfants de l’étude contaminés

Les 43 enfants de la cohorte choisie pour l’étude étaient contaminés, filles et garçons, où qu’ils vivent en France, en milieu urbain ou en milieu rural. Au total, 119 substances différentes ont été repérées sur les 254 recherchées. Au-delà de l’effet nocif de chacune d’entre elle, la question de l’« effet cocktail », avec la présence dans l’organisme de différents produits associés, se pose.

Les perturbateurs sont toxiques pour tous, mais leurs effets sont encore plus sensibles sur le fœtus pendant la grossesse, sur les enfants et adolescents, dont les corps sont en plein développement.

Altération des capacités de reproduction et risques accrus de cancers

Comme leur nom l’indique, les perturbateurs endocriniens altèrent le système endocrinien ou hormonal, avec des risques pour la santé : malformations à la naissance, diminution des capacités de reproduction ou augmentation des risques de cancer et de diabète.

Les perturbateurs endocriniens se cachent partout dans notre environnement et nos produits de consommation courants : dans notre alimentation, dans les emballages alimentaires, dans les produits d’hygiène et de beauté, dans les sols en vinyle et dans les fenêtres en PVC, dans les canapés ou les rideaux.

Il est grand temps que les pouvoirs publics nationaux et européens s’attaquent à ce risque sanitaire majeur, estime 60 Millions de consommateurs, le magazine de l’Institut national de la consommation.

Le bisphénol A remplacé par un produit présumé toxique

Aujourd’hui, seules quelques substances ont été interdites en France et en Europe. La France a ainsi prohibé l’usage du bisphénol A dans les contenants alimentaires, mais les autres pays européens ont limité l’interdiction aux biberons. Le bisphénol A est souvent remplacé par un frère jumeau, le bisphénol S, dont les effets sur la santé sont aussi très suspects…

Cela fait plus de trois ans que la Commission européenne planche sur le dossier des perturbateurs endocriniens. Mais elle n’a toujours pas déterminé les critères scientifiques permettant de les définir, et donc de les identifier de manière satisfaisante.

Toujours pas de définition européenne

Ses propositions viennent d’être une nouvelle fois jugées trop laxistes par certains pays, dont la France. Ceux-ci estiment qu’il convient non seulement d’interdire les perturbateurs endocriniens avérés, mais aussi ceux dont les effets sont présumés.

En attendant que les pouvoirs publics prennent conscience de l’urgence à légiférer, les consommateurs peuvent aussi agir, en s’informant pour choisir d’acheter des produits sans perturbateurs endocriniens. C’est aussi une manière de faire pression sur les industriels. Encore faut-il en avoir les moyens, car les produits sans perturbateurs endocriniens sont souvent plus onéreux.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante

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