Ce sera le jeudi 22 mars. Sept organisations syndicales sur neuf de la fonction publique dont l’UIAFP-FO (union inter-fédérale FO de la Fonction publique) annoncent pour cette date une journée de grève et de mobilisation. Les agents de l’État, de la territoriale et de l’hospitalière entendent ainsi répondre aux annonces faites ce 1er février par le gouvernement mais aussi à celles égrenées depuis le printemps. Les fonctionnaires contestent entre autres le gel des salaires pour 2018, la remise en vigueur du jour de carence, l’annonce de 120 000 suppressions d’emplois via notamment un grand plan de départs, le développement des emplois contractuels ou encore la rémunération au mérite.
Hier, 6 février les neuf organisations de fonctionnaires se sont réunies en soirée en intersyndicale. Objectif : élaborer une réponse à l’ensemble des annonces faites par le gouvernement depuis le printemps. Des annonces vécues comme autant d’attaques contre la Fonction publique, ses missions et ses personnels. Hormis la CFDT et l’Unsa, sept syndicats ont décidé que la réponse au gouvernement prendrait la forme d’une journée de grève et de mobilisation le 22 mars prochain.
Pour les sept organisations dont l’UIAFP-FO (union inter-fédérale FO de la Fonction publique), cette prochaine journée d’action doit permettre de combattre les projets du gouvernement, notamment les dernières mesures annoncées le 1er février. Des mesures que les syndicats ont appris par voie de presse ainsi que le souligne, indignée, l’UIAFP-FO.
Une volonté de casser le statut général ?
Alors que se tient ce jour, 7 février, un Conseil supérieur de la fonction publique en présence d’Olivier Dussopt le secrétaire d’État en charge de la fonction publique, les 5,5 millions d’agents contestent donc plus que jamais le sort qui semble leur être réservé par l’Exécutif.
La volonté réelle du président de la République et du gouvernement est la casse du statut général des fonctionnaires commun au trois versants de la fonction publique dont la valeur du point uniforme du point d’indice, le principe de carrière et la séparation du grade et de l’emploi sont la colonne vertébrale
s’alarme ainsi l’UIAFP-FO.
Le gouvernement qui a averti que de nouvelles mesures à destination de la Fonction publique seraient annoncées en mars a d’ores et déjà présenté depuis le printemps une cascade de dispositions ou réformes totalement rejetées par les agents.
L’annonce au printemps dernier d’un gel du point d’indice (base de calcul de l’ensemble des traitements/salaires des agents) en 2018 avait déjà installé la colère. Et pour cause. Les agents ont perdu 16% de pouvoir d’achat depuis 2000. Ils ont subi six années de gel (2010-2016) avant une revalorisation minime de 1,2% du point et en deux temps (0,6% en juillet 2016 puis 0,6% en février 2017).
A chaque saison ses attaques
D’autres annonces ont exacerbé cette colère. Le rétablissement à partir de cette année du jour de carence pour maladie, l’annonce de la suppression de 120 000 postes en cinq ans. Sans compter que les agents ont dû se battre cet automne pour obtenir au moins un mécanisme de compensation à la hausse de la CSG. Une compensation et non une hausse du pouvoir d’achat, comme promis au printemps 2017.
Ces annonces –et la surdité du gouvernement à entendre les revendications– avaient conduit trois organisations de fonctionnaires dont l’UIAFP-FO à appeler à la journée d’actions du 10 octobre (une journée de grève et des manifestations qui avaient rassemblé plus de 400 000 agents dans les rues).
Depuis ? Alors qu’en ce début d’année, les fonctionnaires ont pu constater que leur pouvoir d’achat ne s’améliorait pas notamment via une hausse de la cotisation retraite, il faut ajouter l’annonce –ce 1er février à l’issue d’un premier comité interministériel– de nouvelles mesures.
Le gouvernement qui propose un nouveau contrat social aux agents
et compte ouvrir dès ce mois de février une grande concertation
qui devrait s’étaler sur l’année annonce en effet des dispositions qui constituent des attaques contre le statut général
des fonctionnaires analyse l’UIAFP-FO.
Le gouvernement propose ainsi –entre autres– de mettre en place un grand plan de départs, d’augmenter le nombre de contractuels ou encore de développer la rémunération individualisée au mérite.
Non, la fonction publique n’est par archaïque
Alors que ces annonces seront suivies en mars par d’autres qui émaneront cette fois du comité d’experts du programme Action publique 2022 (CAP 2022) boycotté par plusieurs syndicats dont FO contestant la philosophie de cette structure dont le seul fil conducteur est le prisme budgétaire
et qui a pour principal objectif de privatiser ou d’abandonner des missions publiques
, les agents s’élèvent contre ce récent train de mesures.
FO conteste notamment la manière dont le gouvernement présente le statut général. Il serait une sorte d’ensemble archaïque, sclérosé depuis des décennies ?
s’indigne l’UIAFP-FO.
L’union inter-fédérale rappelle que le statut général des fonctionnaires du 13 juillet 1983 a depuis subi plus de 200 modifications législatives et réglementaires pour justement s’adapter en permanence aux nouveaux besoins de nos concitoyens et à évolution des missions
.
FO répond point par point
Le gouvernement présente son projet de « plan de départ » comme une initiative inédite ? Les fonctionnaires répondent là aussi. Faut-il rappeler que des dispositifs permettent des départs anticipés à la retraite ou des départs volontaires de la fonction publique ont existé ou existent encore ?
Le dernier plan de départs en date, en 2008, a eu peu de succès.
Il n’y aurait pas assez de contractuels dans la fonction publique analyse le gouvernement ? Sur 5,5 millions d’agents publics, les non-titulaires sous contrat sont déjà un million
indique FO. Par ailleurs au cours de ces vingt dernières années, divers plans gouvernementaux ont plutôt annoncé vouloir résorber l’emploi précaire dans la fonction publique…
La rémunération des fonctionnaires ne se ferait pas suffisamment sur la base du mérite ? Une partie de la rémunération (les primes) prend déjà en compte les qualités professionnelles des agents
répond FO. Par ailleurs, le dispositif PPCR (protocole d’accord sur les parcours professionnels, carrières et rémunérations) imposé en 2016 mais rejeté par trois syndicats dont FO, a pour le moins intégré la notion d’individualisation de la rémunération des agents.
A quand un bilan des réformes ?
Plus largement, pour les fonctionnaires FO le train d’annonces rendu public ce 1er février est inutile
. Plus grave, les arguments fallacieux avancés ne sont qu’un prétexte pour masquer l’essentiel
.
Et l’essentiel, craignent les agents FO, pourrait être de s’attaquer à ce qui fait l’essence même du service public.
Le Secrétaire général de la Confédération FO, Jean-Claude Mailly, interroge. Quelle est la conception du gouvernement en matière de service public ? Est-il réellement attaché à faire respecter les principes républicains ? A-t-il une vision purement budgétaire ou a-t-il une vision à long terme sur le rôle et les missions du service public ?
Depuis de longues années, la Confédération FO demande un vrai débat sur les missions du service public et leurs moyens nécessaires. Elle demande aussi que soit réalisé un bilan de toutes les réformes (RGPP, MAP, ReATE…). Des réformes qui ont rendu beaucoup de services publics exsangues.