Les fondements de la Commune de Paris

1871-2021 par Christophe Chiclet, L’inFO militante

Barricades de la Commune de Paris, à l’angle de la place de l’Hôtel de Ville et de la rue de Rivoli, avril 1871. Pierre-Ambroise Richebourg, CC0, via Wikimedia Commons

Rêve de démocratie directe, alternative économique et sociale, la Commune de Paris ne fut pas une utopie. En soixante-douze jours, elle a concrètement pris des mesures de transformation sociale d’importance.

L ’œuvre de la Commune, même brève, fut d’importance, d’où la peur qu’elle a engendrée chez les possédants et donc sa sanglante répression.

D’après l’historienne Jeanne Vauquelin, la Commune est une insurrection ouvrière car les communards étaient ouvriers à 69 %, employés à 8 %, domestiques à 5 %, petits commerçants à 4 %, professions libérales à 3 % et divers à 11 %. Et de préciser :  Mais plutôt que de prolétaires d’usine des Temps modernes, [...] il s’agit de représentants des métiers populaires du XIXe siècle, tels des ouvriers du bâtiment ou des journaliers.

Pour Gérard Vindt : Les communards défendent une société de petits producteurs propriétaires, et pour cause : à Paris, dans les années 1860, sur 100 000 patrons, 31 000 emploient de deux à dix salariés, 62 000 un seul ou aucun. Le peuple de Paris est d’abord un peuple de l’atelier et de la boutique.

L’œuvre de la Commune

Dès le départ, la Commune organise les secours aux plus pauvres, décrète des remises de loyers échus, un moratoire des échéances des petits commerçants, réquisitionne les logements laissés vacants par les bourgeois partis à Versailles, restitue gratuitement les objets déposés par les plus pauvres au Mont-de-piété. La Commune met en avant l’association de producteurs organisés en coopératives. Ils réquisitionnent les ateliers abandonnés par leurs patrons et les mettent en autogestion. Le travail de nuit est supprimé pour les ouvriers boulangers, ainsi que les retenues sur salaire. Le 5 avril, elle organise un service de l’emploi, une ANPE avant l’heure. Le 2 avril 1871, la séparation de l’Église et de l’État est décrétée (bien avant la loi de 1905), avec un enseignement laïc, gratuit et obligatoire. Mi-mai, le salaire des instituteurs est doublé avec égalité du montant entre les hommes et les femmes. Une commission spéciale est constituée pour l’enseignement des filles, où de nombreuses communardes travaillent. La Commune décrète aussi la fin de la conscription, préférant le modèle du peuple en armes comme les soldats de l’an II. C’est d’ailleurs la base de la Garde nationale, organisée par arrondissement avec son comité central, regroupant jusqu’à 60 000 hommes venant essentiellement de l’Est parisien. Ce sont ces derniers qui se battront au Père-Lachaise, à Belleville et à Ménilmontant.

 

Pas de révolution sans les femmes
Le 22 mai, la place Blanche a été défendue par cent vingt femmes, ce fut la « barricade des femmes ». En effet, les communardes ne voulaient pas être simplement cantinières ou infirmières, nombre d’entre elles ont voulu combattre. Outre Louise Michel, la plus connue, il y eut Paule Mink, Louise Modestin, Andrée Léo, Eugénie Morel, Élisabeth Dmitrieff, Nathalie Lemel et bien d’autres.
Moloch, Public domain, via Wikimedia Commons

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération