Les policiers en colère seront reçus par François Hollande

Mobilisation par Clarisse Josselin, FSMI FO


F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0 (flickr.com/force-ouvriere)

À l’initiative de FO et à l’appel de tous les syndicats, près de 10000 policiers ont manifesté le 14 octobre devant le ministère de la Justice. En province, des rassemblements ont été organisés devant les tribunaux. Venus soutenir leur collègue gravement blessé le 5 octobre en Seine-Saint-Denis, ils ont réclamé davantage de protection et de reconnaissance.

Les policiers, tous corps confondus, des gardiens de la paix aux commissaires, sont venus de toute la France crier leur colère place Vendôme, à l’aide de fumigènes, de tambours et de sirènes. « Il n’y a jamais eu un tel rassemblement, surtout pour un appel lancé six jours auparavant », s’est réjoui Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP-Police FO, à l’origine de la mobilisation. La dernière manifestation unitaire, en 2001, avait rassemblé 5000 personnes.

L’appel à la manifestation avait été déclenché après l’agression, le 5 octobre, de policiers par un malfaiteur connu comme dangereux et qui avait profité d’une permission de sortie pour se faire la belle. L’une des victimes est toujours entre la vie et la mort. Mais les revendications des policiers sont plus larges.

« L’impression de bosser dans le vide », « d’avoir à faire aux mêmes délinquants » reviennent souvent comme l’exprime Jérémy, CRS venu de Rouen.

Sébastien, de la police judiciaire, évoque la nécessité d’une « réponse pénale adaptée » face à des situations où, suite à une enquête, « des personnes sont arrêtées puis relâchées, [qui] réitèrent les mêmes faits et qu’on arrête à nouveau. »

Tous déplorent le matériel obsolète ou insuffisant, le manque de gilets pare-balle, les ordinateurs qui plantent…

« L’exaspération des policiers est à son comble », synthétise Yves Lefebvre. Elle est d’autant plus forte que les hommes sont épuisés par le plan Vigipirate, au niveau maximum depuis les attentats de janvier 2015. Les policiers accumulent désormais 20 millions d’heures supplémentaires, qui ne sont ni payées, ni récupérées. Le syndicat FO dénonce aussi une hausse des violences contre les policiers de 40% depuis 2008.

FO revendique la création de 8 000 postes

Le choix du lieu de rendez-vous, place Vendôme, est hautement symbolique, pour dénoncer « des incohérences avérées dans les décisions de justice », explique Yves Lefebvre. « Nous sommes là pour protéger les citoyens et leurs biens, mais pas dans ces conditions », a-t-il lancé à la tribune. Il a cependant admis que la justice pouvait, elle aussi, manquer de moyens.

Le syndicat Unité SGP Police FO revendique la création de 8 000 postes, alors que le ministre de l’Intérieur en a promis 540 en janvier dernier. Il demande aussi une simplification de la procédure pénale et une « véritable protection liée à la fonction. »

Les cris des policiers semblent avoir été entendus. Dès le début d’après-midi, le Premier ministre, la garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur ont fait plusieurs annonces lors d’une conférence de presse. Ils ont promis une simplification de la procédure pénale, le renforcement de la lutte contre les armes à feu et une limitation des permissions de sortie.

Pour le syndicat Unité-SGP-Police FO, ces mesures restent insuffisantes, notamment sur la question des moyens. C’est ce que ses représentants revendiqueront auprès de François Hollande qui doit recevoir, dans quelques jours, les syndicats de la police et de la justice.


Nicolas Comte : « Les policiers n’en peuvent plus »
Le porte-parole du syndicat Unité SGP police-FO était l’invité de RTL Midi ce mercredi 14 octobre.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

FSMI FO Ministère de l’intérieur