Les retraités se dressent également contre la réforme des retraites

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

En milieu de journée ce lundi 20 mars, les unions syndicales de retraités se sont rassemblées à Paris pour s’opposer au projet de réforme des retraites, passé en force via un 49.3. Ils disent non au recul de l’âge légal du départ en retraite et à l’accélération du calendrier sur l’allongement du nombre d’annuités nécessaires. Une opposition à la réforme d’une part par solidarité envers les actifs mais aussi, pour ce qui les concerne, par crainte de prochaines atteintes au montant de leurs pensions.

La manifestation est le moyen de faire reculer le gouvernement, selon Didier Hotte, représentant l’UCR-FO. En 1995, c’est elle qui a permis de prolonger les régimes spéciaux. La loi sur les retraites passera peut-être, mais nous nous battrons contre sa promulgation. Ce lundi 20 mars, les neuf unions de retraités (groupe des 9) étaient venues donner de la voix devant les Invalides - à défaut d’avoir pu le faire plus près de l’Assemblée nationale dont les abords étaient bouclés par les forces de l’ordre, dans l’attente du débat autour des deux motions de censure déposées par les députés.

Elles avaient préalablement écrit aux présidents des groupes parlementaires pour demander à être reçues. Des députés de l’opposition gouvernementale avaient fait le déplacement pour écouter les prises de parole des organisations rassemblées place Vauban.

Plusieurs centaines de manifestants étaient réunis. Les discours syndicaux ont rappelé la situation des retraités en France : une revalorisation des pensions de 0,8 % seulement en 2023, et 70 % des retraités qui estiment avoir perdu en pouvoir d’achat. La hausse de la CSG et le décrochage de l’inflation aurait fait perdre en moyenne, 2,5 mois de pension depuis 2014. Pourtant les présents s’étaient avant tout déplacés par solidarité : Je suis solidaire de mes enfants et de mes collègues, a expliqué Dominique retraité de chez Orange depuis 17 ans. Et cette solidarité converge avec mes intérêts car si cette loi est appliquée, ils continueront à faire baisser nos pensions.

Solidarité intergénérationnelle

Dans ce rassemblement pacifique, observé de loin par quelques CRS peu inquiets, Brigitte Talon, présidente de l’UCR-FO Paris a souligné : Nous sommes avec les actifs, tout le monde comprend que le but est de faire baisser les pensions. Plus loin, Marie, militante FO et retraitée, réclame plus de liberté : 60 ans pour tous, et puis ceux qui le veulent ou qui ont besoin d’une surcote feront plus s’ils veulent.

D’autres rappellent que l’espérance de vie en bonne santé est de 65,6 ans pour les hommes et 67 ans pour les femmes - selon la récente étude de la Drees portant sur les chiffres de 2021. Après les moments de vie contraints que sont la période scolaire puis la période d’activité, il faut laisser un peu de temps aux gens pour vivre, souligne Jean-François Lascoux, 70 ans, responsable des retraités chez FO Com. Les économies, si vraiment elles étaient nécessaires, on pourrait les faire ailleurs.

Des grévistes en renfort

Et les manifestants n’étaient pas tous retraités. Aurélie Ekoka-Priso, secrétaire adjointe FO du CSE de la caisse primaire d’assurance maladie de l’Essonne : Je suis là en soutien aux motions de censure. Je veux que ce projet soit rétracté, en tant que femmes on est les grandes perdantes. Cette mère de famille de trois enfants a fait ses calculs : elle devra partir un an et demi plus tard que ce que prévoit la législation actuelle. Elle pense aussi aux autres, ceux qui ont eu des périodes de chômage, ceux qui n’arrivent pas à retrouver du travail passé 50 ans. Et quid des jeunes à qui l’on demande de faire des études, des stages, qui enchaînent les CDD ? A quel âge partiront-ils ?

De nombreux grévistes ont rejoint le rassemblement sur la fin, tels des enseignants parisiens. Il y avait encore des AG dans les établissements ce matin, résume Benoît Connétable, secrétaire général du SNFOLC. Et nombre d’entre nous, surveillants du bac, ont fait grève. Christine Lassalle, Hélène Jacquemin et Edeline Rex (SNUDI-FO) avaient, elles, fait le chemin depuis les Yvelines. Nous avons fait grève à chaque fois qu’une manifestation était organisée.

Didier Hotte a appelé à une forte mobilisation jeudi 23 mars.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération