Les salariés de Castorama et Brico Dépôt s’adressent au président Macron

Emploi par Evelyne Salamero

Photographie de Lionel Allorge (Own work) [GFDL]

Ils étaient mobilisés le 1er décembre à l’appel notamment de FO contre la délocalisation en Pologne de services administratifs de leurs entreprises. Les salariés de Castorama et Brico Dépôt, filiales du groupe britannique Kingfisher, ont adressé une lettre ouverte au président Macron, pour que le gouvernement intervienne contre « la fuite du travail ».

Les salariés de Castorama et Brico Dépôt attendent de leur gouvernement qu’il mette tout en œuvre pour le maintien de l’emploi sur notre territoire. D’autant que Kingfisher a largement profité d’exonérations fiscales, financées par l’ensemble des contribuables, peut-on lire dans le courrier qu’ils ont adressé au président Macron, signé de l’ensemble de leurs délégués syndicaux centraux (FO ainsi que CFDT, CGT, CFTC, CFE-CGC).

30 millions encaissés au titre du CICE et bye bye

Le groupe britannique a encaissé 30 millions d’euros d’aides publiques sur l’Hexagone au titre du CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi) pour la seule enseigne Castorama.

Mais le 8 novembre, les salariés de Castorama et de Brico Dépôt n’en ont pas moins brutalement appris que les services comptabilité et gestion de leurs entreprises devraient être délocalisés à Cracovie, en Pologne, fin 2018. L’annonce a fait l’objet d’un simple communiqué vidéo de la directrice française du groupe.

500 emplois pourraient disparaître

Les syndicats craignent que les délocalisations ne menacent des centaines d’emplois. Selon FO pas moins de quelque 500 pourraient être supprimés au total dans les deux enseignes.

De son côté, la direction a refusé de donner des précisions sur le nombre exact d’emplois impactés, se contentant d’annoncer qu’elle apportera des réponses précises dans les tout prochains mois. En attendant, chaque salarié n’aura qu’à vivre la boule au ventre, dans l’attente de savoir quel sort lui est réservé…

La colère est d’autant plus vive que le groupe est bénéficiaire.

Objectif : avoir des salariés low cost pour augmenter les actionnaires

Pire, cette restructuration, explique FO, n’est que le début d’un vaste plan baptisé One Kingfisher qui a pour ambition de ramener 700 millions d’euros supplémentaires de dividendes aux actionnaires à l’horizon 2020 en sacrifiant les salariés qui sont priés de devenir low cost […]. Après les métiers de la comptabilité et du contrôle de gestion, d’autres seront vraisemblablement appelés à disparaître dans les établissements du groupe, dans un avenir plus ou moins proche.

FO pointe aussi les ordonnances sur la réforme du code du travail qui encouragent les délocalisations et la perte d’emplois en France, puisque c’est désormais le périmètre d’activité national et non plus international d’un groupe qui est pris en compte pour apprécier les circonstances économiques qui pourraient justifier des suppressions d’emplois.

Une mobilisation au-delà des salariés immédiatement concernés

Les salariés se sont donc mobilisés le 1er décembre, bien au-delà du siège social, à Templemars, dans le Nord, où se concentrent au moins la moitié des emplois immédiatement menacés.

Des débrayages, des rassemblements, ainsi que des distributions aux automobilistes et aux clients de tracts et de la lettre ouverte envoyée au président Macron ont eu lieu dans les magasins, sur l’ensemble du territoire.

Cette mobilisation fait écho à celle des agents de l’énergéticien Engie qui il y a quelques jours étaient en grève contre les délocalisations de leurs services clientèle dans plusieurs pays étrangers.

De fait, les cas d’entreprises qui délocalisent leurs activités support [1] se multiplient, constatent plusieurs économistes. Aujourd’hui en France, la proportion d’emplois du secteur des services potentiellement délocalisables est évaluée par l’un d’entre eux, El Mouhoud Mouhoud [2], à environ 30%. De quoi nourrir encore beaucoup de colère.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante