Aujourd’hui se tient la réunion au cours de laquelle les représentants du personnel sont censés être consultés sur le plan de sauvegarde de l’emploi consécutif à la liquidation judiciaire de la Société Place du Marché et qui conduira au licenciement de près de 1 900 salariés.
Le CSE et l’intersyndicale sont atterrés de constater l’amateurisme et la légèreté avec laquelle la procédure d’information consultation, le plan de sauvegarde de l’emploi et la liquidation de manière générale sont gérés.
Ils constatent à regret que ni les repreneurs, ni les organes de la procédure ni les AGS et l’État n’ont assumé les responsabilités sociales qui leur incombaient.
D’abord, les repreneurs évidemment, dont l’investissement n’a pas été à la mesure des promesses formulées devant le Tribunal de Commerce de Lyon en 2019 à l’occasion de la reprise de Toupargel.
Ces derniers n’ont pas rempli leurs engagements et n’ont ainsi jamais mis en œuvre le plan de retournement qu’ils avaient présenté.
C’est ainsi que l’ouverture des magasins physiques adossés à ceux de Grand Frais n’a jamais été entreprise et donc réalisée. Cet engagement constituait pourtant un élément substantiel, un axe majeur du projet associé à l’offre de rachat déposée.
De même, il est clair que la distraction du patrimoine immobilier de l’entreprise au profit des repreneurs, qui le conserveront donc après la liquidation, a probablement constitué un obstacle majeur à la potentialité d’une reprise partielle ou totale de l’entreprise qui aurait pu permettre de sauver une partie des emplois.
Les repreneurs laissent ainsi l’entreprise et ses salariés exsangues après des mois d’une gestion calamiteuse, irresponsable et sans rapport avec les ambitions et le professionnalisme affichés en 2019.
Leur incapacité à transformer l’opportunité qu’a été la crise Covid pour le marché des produits alimentaires et de la livraison à domicile tout comme leur renoncement brutal à poursuivre les investissements nécessaires pour mener à terme le projet de retournement présenté en sont des illustrations.
Enfin, ces derniers n’ont pas même la décence d’abonder le plan social et d’assumer la moindre responsabilité sociale du désastre économique et social auquel conduit l’échec fautif de leur gestion. Bien plus, ils n’ont pas hésité à afficher leur mépris pour le Tribunal, de Commerce, l’État et les salariés en ignorant la situation, ne se présentant ni devant le Tribunal ni devant les représentants du personnel.
Malheureusement les organes de la procédure ne sont pas en reste puisqu’ils ont eux-mêmes gravement failli à leur mission principale qui consistait à préserver l’emploi.
C’est ainsi que, le mandataire ad hoc qui se verra ensuite confier le rôle d’administrateur aura dramatiquement laissé filer le temps, participant lui aussi à obérer de manière coupable les capacités de retrouver un repreneur total ou partiel et ainsi de sauver tout ou partie des emplois.
De gesticulations inoffensives en discours paternalistes, il n’aura fait que contenir les réactions des salariés en suscitant des espoirs qu’il savait vains tant il ne s’est pas donné la peine d’assumer ses missions avec responsabilité.
Il n’y a qu’à voir la bataille que se livrent depuis le prononcé de la liquidation les différents spécialistes de la distribution de produits surgelés, frais et d’épicerie pour récupérer les stocks, clients, salariés de l’entreprise pour constater l’incurie de la réalisation de sa mission par l’administrateur.
Il est en effet évident qu’une gestion plus saine et plus rigoureuse des procédures collectives, à commencer par une ouverture de la procédure de sauvegarde bien plus tôt, auraient permis une reprise de tout ou partie de l’entreprise et donc le sauvetage de centaines d’emplois.
Quant aux liquidateurs, outre le fait d’organiser un simulacre de consultation au cours de laquelle la carence des informations transmises aura été manifeste, et ce en dépit des demandes répétées des élus et de leur expert, ils n’auront pas même estimé utile d’adresser le plan de sauvegarde de l’emploi dans sa version finalisée avant la réunion de ce jour.
De plus, en déléguant une part primordiale de ses missions à une cellule liquidative au coût exubérant (1,6 millions) elle n’a pas permis d’enrichir le plan de sauvegarde de l’emploi de mesures d’accompagnement dignes de ce nom.
En effet, cette cellule liquidative dont la vocation est de gérer administrativement le licenciement des salariés (établissement des soldes de tout compte, envoi des lettres de licenciements, etc.) pour le compte de la liquidation sera assurée par 37 salariés qui bénéficieront d’un doublement de leur rémunération pendant 3 mois et, en conséquence, de leurs indemnités de rupture.
Ce modus operandi n’est pas neutre puisqu’il ampute le plan social présenté de pas moins d’1,6 million d’euros.
Ainsi, le manque d’anticipation de l’administrateur et de la liquidation dans la gestion sociale de cette procédure collective conduit à la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi totalement indigent (2,1 millions d’euros) qui aurait pu être abondé de 80% si une gestion conforme avait été mise en œuvre.
Enfin, les AGS et les pouvoirs publics n’ont pas plus assumé leurs responsabilités puisqu’ils n’ont permis la prise en charge de la prime de pouvoir d’achat sollicitée par les salariés à l’occasion de cette situation d’une rare violence au regard de la rapidité de cette liquidation. Ils ont ainsi refusé l’implication exceptionnelle qu’imposait pourtant la situation catastrophique dans laquelle seront plongées demain près de 1 900 familles.
Pour autant, les représentants du personnel et les salariés refusent d’abandonner leur combat pour bénéficier d’un traitement digne et juste à l’occasion de cette liquidation judiciaire.
À ce titre, ils engageront toutes les actions en justice nécessaires qui s’imposeront et poursuivront leurs actions collectives durant les prochaines semaines.