Literie : FO s’inquiète pour l’avenir du groupe Adova

Emploi par Clarisse Josselin

Fragilisé par la crise sanitaire, et après s’être vu refuser l’octroi d’un prêt garanti par l’État, le fabricant de literie Adova (Simmons, Treca) a demandé à bénéficier d’une procédure de sauvegarde. La justice doit rendre sa décision le 16 juin. FO redoute un nouveau plan social.

L’épidémie de Covid-19 a replongé dans l’incertitude les salariés du groupe Adova, premier fabricant français de literie avec les marques Simmons et Treca. La mise en place du confinement a stoppé net la production, tout comme le chiffre d’affaires. La maison mère de six usines, qui avait déjà connu des difficultés financières avant la crise sanitaire, a sollicité un prêt garanti par l’État (PGE), dispositif destiné à accompagner les entreprises dans leur reprise d’activité. Les banques ont refusé, malgré le soutien affiché des dirigeants de cinq grands distributeurs du secteur de la literie (Maison de la literie, La compagnie du lit, France Literie…). Dans une lettre ouverte au ministre de l’Economie publiée mi-mai dans le JDD, ces derniers ont souligné que sans ce PGE, Adova ne pourrait pas se relancer et que sa disparition pourrait entraîner l’effondrement de la filière française au profit de la Chine.

Pour retrouver de la trésorerie, le groupe a finalement demandé au tribunal de commerce de Paris l’ouverture d’une procédure de sauvegarde pour cinq de ses six entités. Le dossier a été examiné le 8 juin et la décision doit être rendue le 16 juin. La sixième entité, Diva Salon, spécialisée dans la fabrication de sofas, fait pour sa part l’objet d’une demande de placement en redressement judiciaire.

L’objectif de la procédure de sauvegarde est de geler les dettes pour permettre au groupe de relancer son activité. Si elle est validée, une période d’observation s’ouvrira et des administrateurs judiciaires seront nommés.

Un plan de sauvegarde ne se fait jamais sans conséquences pour l’emploi, s’inquiète Yannick Cherbonnet, délégué FO chez Ouest Bedding (Hotelys), qui compte 95 salariés. Cette usine basée à Fougères (Ille-et-Vilaine) est spécialisée dans la literie pour hôtellerie de luxe.

Ses craintes sont partagées par Mehdi Voinchet, délégué FO chez Aube Bedding, une autre entité du groupe basée à Bar-sur-Aube, et spécialisée dans la fabrication de matelas et sommiers. On a déjà connu trois plans de sauvegarde et à chaque fois il y a eu un PSE derrière, s’inquiète-t-il. Depuis 20 ans que je suis dans l’entreprise, j’ai vécu cinq plans sociaux, on est passés de 2400 salariés à 280 aujourd’hui. On n’en veut pas d’un nouveau, on a assez payé au niveau du groupe.

Dunlopillo cédé à un repreneur

Le groupe Adova est né en 2016, suite au rachat du groupe d’ameublement Cauval par le fonds d’investissement Perceva. Il comptait alors 1500 salariés. Une restructuration, engagée en 2018, avait supprimé près de 200 postes.

Paris Bedding (matelas Dunlopillo), placée en redressement judiciaire en décembre 2019, a été cédée le 23 mars au groupe Finadorm, avec 90 emplois supprimés sur 180. La direction a affirmé qu’il s’agissait là de son seul foyer de perte et que le groupe, qui emploie désormais un millier de salariés, était redevenu profitable. C’était sans compter la crise sanitaire.

Hôtelys, sans concurrence dans son marché de niche des hôtels de luxe, enregistre chaque année des bénéfices depuis 2016. Mais depuis l’épidémie de Covid-19, l’activité de l’hôtellerie s’est stoppée net, impactant le carnet de commandes. Yannick Cherbonnet redoute également un transfert de l’activité sur un autre site, comme ça s’est déjà produit en 2009.

A l’usine Aube Bedding de Bar-sur-Aube, durant la période de confinement, seule une poignée de salariés ont continué à faire tourner les machines à coudre pour fabriquer quotidiennement 1800 masques contre le Covid-19. Ils ont notamment été distribués aux pompiers et au Samu de Troyes. Depuis le 13 mai, l’activité a redémarré progressivement.

Avant la crise, on avait un très bon carnet de commandes, rempli pour deux à trois mois, poursuit Mehdi Voinchet. On aurait fait un bon été, qui est la période la plus forte pour nous. L’avenir est très flou, on verra la situation mois par mois, on ne sait pas ce qui va se passer. Les salariés sont inquiets. Je crains à terme un découpage du groupe. Ils sont d’autant plus inquiets que l’enseigne Conforama, dont les commandes représentent près de la moitié de la production d’Aube Bedding, est également en grande difficulté financière.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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