[Livre] Le salaire de la peine – Le business de la souffrance au travail - Hélas, il semble urgent de ne rien faire !

Culture par Corinne Kefes

Lorsqu’en 1998 survient une vague de suicides sur le lieu de travail, la question de la souffrance au travail devient un sujet médiatique. Les entreprises tentent alors de trouver des solutions et font appel à des consultants extérieurs pour élaborer des kits de préconisations.

Le résultat : des sociétés de consulting prospères et des situations inchangées dans les entreprises. La raison : les solutions apportées, quand elles sont adaptées, sont souvent peu mises en place, la direction souhaitant rarement remettre en question son organisation. On privilégie donc l’idée de réussite plutôt que le sens, l’optimisation plutôt que le bien-être, la quantité plutôt que la qualité, car le bonheur n’est-ce pas la rentabilité ?

On essayera ainsi de changer l’individu plutôt que l’organisation du collectif.

Aujourd’hui, cette organisation a évolué, accentuant nomadisme et mobilité, encourageant la polyvalence perpétuelle et déstructurant les anciens repères du travail.

Celui-ci perd alors du sens, les objectifs deviennent impossibles, l’isolement et la méfiance s’installent : la souffrance aussi. La solution : donner du temps et des moyens pour que chaque entreprise trouve en son sein la réponse la plus adaptée.

Parce que l’entreprise est par essence un projet collectif, il faut remettre le collectif au centre : renforcer la coopération, supprimer les évaluations individuelles, limiter l’optimisation à outrance.

Il faut aussi établir des règles claires, partagées et appliquées par tous et garanties par l’État.

À l’heure de la Mondialisation, l’humain ne peut pas être une simple variable d’ajustement.

 

Le salaire de la peine – Le business de la souffrance au travail, Sylvaine Perragin, Éditions Don Quichotte-Seuil, 184 pages – 16 euros.