Logement - L’accès à la propriété en recul

Idées par Françoise Lambert

Devenir propriétaire est devenu plus difficile aujourd’hui pour les ménages aux revenus les plus modestes. © Pierre GLEIZES / REA

Devenir propriétaire est aujourd’hui devenu plus difficile pour les locataires. En cause : une augmentation de leurs dépenses de logement et du prix de l’immobilier, mais surtout des revenus plus modestes.

Une majorité des ménages sont propriétaires de leur logement. C’était le cas de 58 % d’entre eux en 2013 en France métropolitaine. Mais le taux d’accès à la propriété, c’est-à-dire la possibilité pour un non-propriétaire de le devenir, connaît, lui, une baisse sensible. Il est tombé de 14 % en 2001 à 11,4 % en 2013. La crise financière de 2008 est aussi passée par là. Les locataires ont aujourd’hui moins de chances de devenir propriétaires. Tel est l’un des enseignements que livre l’Enquête logement 2017 menée par l’Insee entre juin 2013 et juin 2014, et publiée fin février.

Parmi les 25 % de ménages aux revenus les plus modestes, un quart n’étaient pas propriétaires en 1984. Ce taux est passé à 42 % en 2013. Autrement dit, le revenu est devenu un facteur plus déterminant dans l’accès à la propriété qu’il y a trente ans. L’accès à la propriété est devenu plus sélectif, note l’Insee. Ceux qui n’y ont pas accès se trouvent de plus en plus parmi les plus modestes.

Les locataires doivent faire face, de plus en plus, dans les zones où ils résident, à des prix de l’immobilier élevés. Ils sont confrontés à des dépenses de logement – loyer, chauffage, charges locatives, taxe d’habitation – qui ont fortement augmenté depuis 1984, au contraire de leur revenu moyen, quasi stable.

Si la baisse des taux d’intérêt (environ 3,3 % en 2013 contre 4,9 % en 1999) et l’allongement de la durée des prêts ont augmenté la capacité d’achat à crédit des ménages, cela n’a pas suffi à compenser la croissance des prix de l’immobilier, plus rapide que celle des revenus des ménages.

Inégalité entre les ménages aidés par leur famille et les autres

Entre 1984 et 2013, les inégalités d’accès à la propriété se sont accentuées entre les différentes catégories de ménages. On voit ainsi apparaître une différence entre ceux qui peuvent être aidés par leur famille et les autres. L’aide financière familiale, qui peut prendre la forme d’un prêt ou d’un don au moment de l’achat, est plus fréquente qu’auparavant. Environ 30 % des nouveaux propriétaires – essentiellement les moins de 30 ans – ont ainsi bénéficié d’une aide de parents pour l’acquisition de leur logement au début des années 2010.

Le montant de l’apport personnel, qui représentait 15 % du montant de l’achat il y a trente ans, atteint aujourd’hui environ un tiers du total de l’acquisition.

Le logement social a joué un rôle de tremplin vers la propriété occupante dans les années 1980. Il se peut que ce rôle s’atténue depuis, relève en outre l’étude de l’Insee. Le vieillissement des locataires en place et la baisse de la mobilité des plus âgés a pu contribuer à ce phénomène. Car les plus âgés occupent aujourd’hui des logements plus adaptés et ils déménagent moins souvent pour raison de santé. 

 

Repères : Quid des conditions de logement ?
La France métropolitaine totalisait 28 millions de résidences principales fin 2013. Environ 40 % étaient occupées par des locataires et 58 % par des propriétaires – dont près de 20 % d’accédants. Actuellement, 6 % des ménages considèrent leurs conditions de logement insuffisantes contre 15 % en 1973 et 1,4 million de ménages ont effectué ou renouvelé une demande de HLM en 2013, un chiffre en hausse. Par ailleurs, 2,7 millions de ménages vivent en surpeuplement. Si celui-ci continue de décroître dans l’habitat individuel, il augmente dans l’habitat collectif.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante