À la suite des révélations du New York Times, le 5 octobre, sur le producteur américain Harvey Weinstein, la parole des femmes s’est libérée sur Twitter avec les hashtag #balance ton porc et #moiaussi – version française du #Metoo anglais. La médiatisation des affaires de violences sexuelles est récente mais le phénomène ancien.
Dans le monde du travail, les condamnations des entreprises restent rarissimes ; les salariées victimes de harcèlement sexuel subissent, en plus de l’abus, une double peine. Leur emploi est très souvent impacté avec des évolutions de carrière bloquées, des contrats non renouvelés ou des démissions forcées. Et leur santé physique et psychologique est affectée. Tant mieux si la parole se libère, mais il reste fort à faire, il convient d’agir
, souligne Anne Baltazar, secrétaire confédérale FO.
C’est ce qu’ont fait Force Ouvrière et trois autres confédérations (CGT, CFDT et CFTC) en écrivant au Premier ministre la semaine dernière. Elles l’ont interpellé sur le refus de la France de toute approche spécifique au genre », donc aux femmes, dans la future norme de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les violences au travail, qui va être discutée lors de la 107e session de l’organisation, en juin 2018.
Un pavé dans la mare du gouvernement
420
millions d’euros en 2018, c’est le montant du budget interministériel alloué par le gouvernement pour la lutte contre l’inégalité entre les sexes.
Avec leur courrier, les syndicats ont jeté un pavé dans la mare du gouvernement, à quelques jours de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre. C’était aussi la date choisie par le chef de l’État pour présenter un plan contre les violences sexuelles. Emmanuel Macron, qui a décrété l’égalité entre les sexes grande cause du quinquennat
, a annoncé une série de mesures pour un budget interministériel de 420 millions d’euros en 2018.
Le plan, axé sur la répression et l’éducation, comporte très peu de mesures dédiées au monde du travail. Syndicats et patronat ont toutefois été invités par la ministre du Travail à lui faire part, d’ici au 15 décembre, de toute proposition qui permettra de faire reculer le harcèlement sexuel dans les entreprises
.
Nous répondrons bien sûr présents, indique Anne Baltazar, secrétaire confédérale FO, mais quand on fusionne dans le même temps les IRP dans le cadre des ordonnances, on réduit les moyens des élus syndicaux, y compris sur la question du harcèlement.
FO revendique les moyens humains et financiers nécessaires au respect des droits des salariés femmes et hommes victimes d’abus, aujourd’hui très insuffisants, notamment au sein de l’inspection du travail. Pour le syndicat, la lutte contre le harcèlement sexuel au travail ne pourra aboutir sans la réalisation de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Tant que l’on n’aura pas d’égalité, les situations de domination vont perdurer
, explique Anne Baltazar.