Lycée professionnel : mobilisation syndicale le 18 octobre 2022

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

© Livia SAAVEDRA/REA

Le 18 octobre les enseignants des lycées professionnels seront en grève et descendront dans la rue contre une réforme qui s’attaque à leur statut et laisse craindre que l’on transforme leurs élèves en employés à bas-coût. Contestant aussi un projet porteur de moult dangers pour leur avenir, des élèves seront eux aussi en manif’.

La coupe est pleine. Le SNEETA-FO et l’ensemble des syndicats représentés dans les lycées professionnels appellent à une mobilisation le 18 octobre. Et elle promet d’être d’ampleur. Tous les syndicats seront associés, les profs du public comme ceux du privé, l’enseignement catholique, les lycées agricoles …, assure Pascal Vivier, secrétaire général du syndicat FO. Une grève et des manifestations sont prévues devant les 32 rectorats de France. A Paris, un rassemblement est annoncé à 14 h 30 au métro Saint-François-Xavier, pour défiler jusqu’à Sèvres-Babylone, dans le quartier des ministères.

Aucun élément factuel ne nous a été transmis à propos de la réforme annoncée, rapporte Pascal Vivier. On nous a indiqué qu’une concertation débuterait en octobre, sans précision, et qu’il y aurait quatre thèmes, nous ignorons lesquels. Mais comment faire, avec quels outils et pour quels objectifs, on ne sait rien.
Les premières annonces – avancées au cours de l’été – sur la réforme de l’enseignement professionnel, voulue par l’exécutif, constituent pour les professeurs des lycées professionnels (PLP) des attaques sans précédent. Les enseignants craignent vraiment pour leur statut et pour une sortie du cadre de l’école de la République , poursuit Pascal Vivier.

L’objectif est de réduire les effectifs d’enseignants et les faire travailler plus.

L’augmentation annoncée de la durée passée par les élèves en stage a mis le feu aux poudres. Il s’agirait d’augmenter de 50 % le temps en milieu professionnel pour les élèves des classes de Terminale. Ce qui rendrait impossible leur suivi par les enseignants, dont les heures d’accompagnement pourraient alors être basculées en heures d’enseignement. C’est comme si l’on nous disait : on ne veut plus que vous fassiez le suivi de vos élèves, on veut que vous ne fassiez que des cours, observe Pascal Vivier. On sait que l’objectif est de réduire les effectifs d’enseignants et les faire travailler plus.

Coté élèves, à titre d’exemple, un collectif, qui d’ores et déjà a annoncé sa présence dans le cortège parisien, exprime ses craintes envers le projet... Par cette réforme, les jeunes risquent d’être considérés que comme de futurs employés et des petites mains corvéables, indique-t-il. Déjà actuellement on se retrouve avec des stages qui ne permettent aucun apprentissage, ne sont pas épanouissants et encore moins émancipant. On a des élèves en bac pro commerce qui sont envoyés pour faire de la mise en rayon pendant un mois. On craint qu’augmenter le temps de stage soit juste un moyen de fournir de la main d’œuvre gratuite aux entreprises.
Le passage sous la double tutelle, non seulement de l’Éducation nationale mais aussi du ministère du Travail et de la Formation, ne satisfait pas non plus, pas plus que la perspective évoquée de faire entrer davantage l’entreprise dans la gouvernance des lycées pro. Nous demandons à revenir sous l’unique tutelle du ministère de l’Éducation nationale , appuie Christophe Auvray, secrétaire général adjoint du SNEETA-FO.

L’accompagnement est indispensable aux élèves

En effet côté élèves, le lycée professionnel concentre les parcours complexes, et des jeunes – à la différence des apprentis – qui ne sont pas prêts à entrer dans la vie active. Nous accueillons les plus cabossés par la vie, les plus précaires. Avec la suppression du redoublement, ils arrivent désormais très jeunes. Les entreprises ne veulent pas d’eux en apprentissage. Au LP, on compte 75 % d’élèves en situation de handicap. Et un grand nombre sont issus de l’immigration. Ils n’ont pas forcément les savoirs être et l’école doit redevenir pour eux un lieu de transmission des savoirs, de fabrique des citoyens… , observe Pascal Vivier.

L’école doit aussi et surtout proposer des cursus qui permettent un réel choix d’avenir. Or, dans ce projet de réforme, des fermetures de filières sont évoquées, considérées par l’exécutif comme sans débouchés ou peu adaptée aux bassins d’emploi des lycées. Mais lesquelles ? Et que deviendront leurs enseignants , s’inquiète Christophe Auray. Sans oublier qu’après la troisième, les élèves s’orientent souvent au plus près de chez eux, poursuit le secrétaire général adjoint du SNEETA-FO. Fermer des filières c’est supprimer des choix et les obliger à aller dans des secteurs où ils ne seront pas motivés et qu’ils abandonneront peu après leur diplôme.

Les propos sont du même ordre du côté du collectif d’élèves. Il souhaite que la réforme soit l’occasion d’aborder tous les problèmes de la filière pro. Profs et élèves, nous sommes convaincus qu’il faut transformer le LP, mais pas comme ça, assure son représentant. Il faut en finir avec les orientations subies, le LP comme voie de garage. Nous demandons l’ouverture de filières en fonction des intérêts des jeunes : les métiers du numérique, ceux du jeu vidéo, l’économie sociale et solidaire, les métiers du sport... Nous avons besoin de bacs pro dans ces secteurs.

Clairement, la mobilisation du 18 octobre vise à exiger un enseignement professionnel de qualité.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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