Macron au tableau noir

Revue de presse par Michel Pourcelot

© Yoan Valat/Pool/REA

Le chef de l’État s’est exprimé sur la chaine de TV TF1 le 12 avril 2018. L’intervention, sous forme d’interview dans une école primaire, était très attendue par la presse qui a studieusement rapporté et commenté ses propos. Aperçus.

Challenges
Dans une petite bourgade de l’Orne, il était une fois... « Jupiter dans le Perche ». Tant de proximité, même un enfant de CM2 n’y croirait pas : C’était très téléguidée. La ficelle était énorme. En acceptant d’être l’invité de Jean-Pierre Pernaud, qui anime le journal télévisé le plus populaire, et en délocalisant le plateau dans une salle de classe du petit village de Berd’huis, Emmanuel Macron montrait son souhait de parler à la France d’en bas. Le président des riches allait parler aux Français des campagnes, le président des villes allait parler aux Français des territoires, le plus jeune président de la Ve allait parler aux anciens. Cela promettait une émission vivante, ou du moins concrète, chaleureuse. In fine, on a eu du Macron pur.

Les Echos
Du pur et dur. Le chef de l’État a surtout profité de cet exercice pour afficher sa détermination à poursuivre les réformes qu’il a engagées. S’il a déclaré entendre les inquiétudes et les trouver légitimes, il a clairement dit qu’il n’allait pas baisser de rythme. La caravane libérale ne s’arrête pas pour entendre quelques râles. Son intervention a été aussi emprunte de fermeté quand il s’est agi d’évoquer des dossiers sensibles du moment comme la réforme de la SNCF ou le blocage des universités , sans oublier la situation à Notre-Dame-des-Landes, où la ZAD est évacuée, non sans heurts, par la police depuis le début de la semaine. En laissant la préfète locale dans le champ de mines.

Le Télégramme
Que ceux qui m’aiment prennent le train de la réforme de la SNCF : Emmanuel Macron ne s’était pas encore exprimé sur la grève des cheminots, mais il l’a fait avec beaucoup de considération : J’ai beaucoup de considération pour les usagers touchés par les grèves, pour les entreprises pénalisées qui risquent de déposer le bilan... mais on ira au bout de cette réforme nécessaire. En autocar, si nécessaire ? Pour le chef de l’État, on a besoin d’un chemin de fer fort. Je ne veux pas qu’on continue à augmenter les prix des billets. Comme une vulgaire CSG ? Tout cela en justifiant l’ouverture à la concurrence, tout en assurant qu’il n’y aura pas de privatisation. Elle sera juste mise sur les rails ?

La Tribune
Après avoir abordé bien des sujets et s’être exprimé de façon prévisible, le président aura réussi à surprendre en annonçant la suppression du forfait social sur l’intéressement et la participation, pour les entreprises de moins de 250 salariés à compter du 1er janvier prochain. Bref, une forte baisse des charges en vue pour toutes les TPE et PME de France, et un manque à gagner pour l’État de 440 millions d’euros par an. Qu’il faudra bien aller chercher quelque part.

Le Parisien
Mais fi de calculs élémentaires, cette interview télévisée du chef de l’État – la première depuis le début de l’année– visait à faire de la pédagogie. Le professeur Macron s’y est employé, avec un ton mesuré, sans les formules provocatrices qu’il utilise parfois. Sur le fond, le message est simple et clair : pas question de changer de ligne ou de modifier le rythme des réformes. Je fais ce que je dis et j’irai jusqu’au bout, a martelé le chef de l’État, qui entend mais ne fait que ce qu’il a décidé. Même si le tableau devient noir.

Le Monde
Ne rien lâcher sur le fond, mais tenter de mieux expliquer son action dans sa globalité, voilà en somme le résumé de l’intervention présidentielle, un an ou presque après son élection. Si le style Macron s’arrondit aux angles, il reste inchangé au cœur. Je demande [aux Français] de me faire confiance, j’ai prouvé que, quand je dis les choses, je les fais, a-t-il souligné, en demandant de la patience au pays, aux Français, ces grands enfants.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante