Maladies chroniques : des traitements et des dépenses en hausse

Santé par Françoise Lambert

L’Assurance maladie a présenté le 31 mai sa cartographie annuelle des dépenses de santé sur les pathologies graves et fréquentes. Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

Vieillissement de la population oblige, les pathologies graves concerneront 580 000 personnes de plus d’ici à 2020, selon une étude de l’Assurance maladie.

Vingt-six millions de personnes en France ont été touchées par des pathologies graves en 2015 et leur nombre devrait s’accroître de 580 000 personnes d’ici à 2020. C’est ce qu’indique la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) dans sa cartographie des dépenses de santé sur les pathologies graves et fréquentes, présentée le 31 mai.

Le nombre d’assurés sociaux concernés par la plupart des maladies graves augmenterait moins rapidement que pendant la période 2012-2015. Cependant, la tension persiste dans le système de soins, estime Luc Barret, médecin-conseil national de l’Assurance maladie. L’étude de la CNAM, qui se fonde sur le recours aux soins remboursés des quelque 57 millions d’assurés du régime général et sur les prévisions démographiques de l’Insee, passe au crible pas moins de cinquante-six pathologies. Elle prend en compte les coûts pathologie par pathologie, ainsi que les hospitalisations ponctuelles. Son objectif : donner un sens médical aux données de remboursement collectées et identifier les leviers de la maîtrise des dépenses. Et ce, à quelques semaines de la présentation par l’Assurance maladie de mesures d’économies dites de maîtrise médicalisée.

Hausse des recours aux hospitalisations ponctuelles

La fréquence des pathologies varie fortement avec l’âge, constate la CNAM. Le nombre de personnes atteintes de diabète augmenterait de 12 % d’ici à 2020, avec plus de 4,1 millions de personnes concernées en 2020, contre 3,7 millions en 2015. Une hausse qui correspond à 62 % à l’évolution démographique. Autre témoin du vieillissement de la population, la tendance à la hausse du recours aux hospitalisations ponctuelles, premier poste de dépenses en 2015 à 30,7 milliards d’euros, sur les 133,6 milliards d’euros remboursés par l’Assurance maladie la même année.

Les autres postes de dépenses principaux sont les maladies psychiatriques et les psychotropes (19,3 milliards d’euros), les cancers (14,1 milliards d’euros) et les maladies cardio-neuro-vasculaires (13,2 milliards d’euros).

Concernant la santé mentale, l’Assurance maladie devrait lancer sous peu une expérimentation visant à rembourser certaines psychothérapies pour la dépression légère, comme dans d’autres pays, afin de ne plus centrer uniquement la prise en charge sur le médicament.

Si la dépense moyenne annuelle par patient pour les cancers, notamment les cancers du sein (lire encadré), évolue à la hausse en raison de nouveaux traitements plus onéreux, d’autres pathologies connaissent une évolution inverse. La dépense moyenne annuelle de la maladie coronaire chronique (angine de poitrine) a ainsi diminué de 8 % entre 2012 et 2015, en raison de la baisse du prix de certains traitements et d’une diminution des hospitalisations. 

 

Cancer du sein : une évolution des dépenses
La dépense moyenne pour le traitement des cancers du sein est passée de 11 288 euros par an et par patiente en 2012 à 12 035 euros par an et par patiente en 2015.
Une hausse qui peut s’expliquer par l’arrivée et le développement de nouveaux médicaments plus onéreux, notamment l’immunothérapie. Le coût des nouveaux traitements est passé d’une moyenne de 1 985 euros en 2012 à 2 502 euros en 2015.
Dans le même temps, le coût de la médication classique a diminué, passant de 1 542 euros à 1 420 euros par an et par patiente.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante