Malgré des créations d’emplois, le chômage repart à la hausse

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

Selma Mahfouz, directrice de la Dares, au rendez-vous de Grenelle organisé le 12 décembre au ministère du Travail. Photographie : C. Josselin (CC BY-NC 2.0)

La deuxième édition des Rendez-vous de Grenelle, rencontre trimestrielle d’analyse de la situation du marché du travail, s’est tenue le 12 décembre au ministère du Travail. A retenir, un ralentissement de la création d’emplois salariés et une légère hausse du taux de chômage.

La ministre du Travail a organisé le 12 décembre la deuxième édition des Rendez-vous de Grenelle, pour commenter l’évolution du marché du travail au 3è trimestre 2017. La création d’emplois salariés (+ 44 500 emplois) s’est poursuivie pour le 12e trimestre consécutif, mais à un rythme plus faible qu’au trimestre précédent. Sur un an, ce sont 269 100 emplois salariés qui ont été créés, soit une hausse de 1,1 %.

Désormais, l’intérim atteint un niveau historique, avec 728 200 intérimaires comptabilisés fin septembre, même si la progression s’est elle aussi ralentie ce trimestre (+1,5%). Désormais, le secteur tertiaire emploie autant d’intérimaires que l’industrie.

Pourtant, de juin à septembre 2017, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a augmenté de 0,2 % pour s’établir à 9,7 %, après trois trimestres consécutifs de recul. Cette hausse peut surprendre au regard du dynamisme de l’activité économique et de l’emploi salarié, a commenté Selma Mahfouz, directrice de la Dares, service statistique du ministère du Travail.

Un pic d’embauches en juin dans les PME

Pour expliquer ce phénomène, elle avance notamment un moindre soutien des politiques de l’emploi, avec la réduction des emplois aidés. S’y ajoute la fin de la prime à l’embauche dans les PME en juin, anticipée par les employeurs. Selon Selma Mahfouz, on constate dans ces entreprises un pic d’embauches en juin, suivi d’une baisse des recrutements en juillet.

Pour la directrice de la Dares, pas de quoi cependant remettre en cause la tendance à la baisse du taux de chômage observée depuis 2015. Il est probable que cette évolution soit corrigée au prochain trimestre, a-t-elle ajouté.

Pour la ministre du Travail Muriel Pénicaud, la hausse du chômage est probablement due à une baisse de la politique d’emploi à court terme, trop orientée vers le traitement statistique du chômage. Elle a aussi précisé que les réformes structurelles en cours mettraient du temps à avoir un effet massif sur le chômage, mais que ce dernier sera plus durable.

Observer la qualité des emplois crées

Denis Ferrand, directeur général de l’institut Coe-Rexecode, estime lui aussi que la baisse du chômage va perdurer. Il relève plusieurs indicateurs assez positifs et un climat des affaires favorable. L’emploi est au rendez-vous de façon assez homogène dans tous les secteurs, a-t-il réagi. Il se félicite aussi que dans l’industrie, 37 % des embauches se sont faites en CDI, en proportion on n’a jamais autant embauché en CDI dans ce secteur, a-t-il ajouté.

Xavier Timbeau, directeur à l’OFCE, s’est montré plus prudent. Il s’attend à un ralentissement du rythme de création d’emplois en 2018, après une hausse en 2016 assez exceptionnelle sous l’effet des politiques de l’emploi et d’une conjoncture favorable. En y ajoutant la fin des emplois aidés et une hausse de la productivité, il se peut que le chômage ne baisse pas voire augmente légèrement, a-t-il ajouté.

Il s’interroge aussi sur la qualité des emplois créés, alors que le poids des CDD reste assez fort, après avoir beaucoup augmenté en 2016 et début 2017 : c’est un indicateur à regarder, on peut avoir une hausse des emplois mais une dégradation de leur qualité.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante