Manoir Industries : pour aller vers la victoire, les salariés « ont tenu bon »

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

Un an après la fin du redressement judiciaire de la fonderie Manoir Industries, les salariés se sont mobilisés pour exiger une juste rétribution de leurs efforts dans un contexte de crise. Après 5 jours de grève en septembre, ils ont obtenu une augmentation du taux horaire, une prime Macron à hauteur de 800 euros et la promesse de prochaines NAO plus fructueuses. Les salariés ont eu raison de s’accrocher, estime Grégory Chevalier, délégué syndical FO. Retour sur le chemin menant à cette victoire.

Cette mobilisation aura marqué mon parcours. Entre ça et la fin du redressement judiciaire de l’entreprise, je m’en souviendrai de mes années de délégué syndical !, sourit Grégory Chevalier, représentant FO au sein de Manoir Industries, à Pîtres, dans l’Eure. Un an après être sortis du redressement judiciaire via un plan de continuation validé par le tribunal de commerce de Paris, les salariés de Manoir Industries, qui produisent des pièces pour la pétrochimie et le secteur nucléaire, se sont mobilisés pour obtenir une juste rétribution de leurs efforts.

Ils ont eu raison de s’accrocher

Avant l’été 2022, des ouvriers de trois services sont venus me voir, m’expliquant qu’ils n’étaient pas concernés par la hausse de salaires de 150 euros adoptée au sein de l’entreprise en 2022. Ils travaillaient avec un taux horaire en dessous de 14 euros, raconte le délégué syndical. Celui-ci alerte la direction qui dit se pencher sur le sujet. À la fin de l’été, alors que les salariées attendent, elle n’apporte pas de réponses précises. Nous avons déposé un préavis le 7 septembre en menaçant de débrayer si rien n’était fait, poursuit Grégory Chevalier. Lorsque nous avons été reçus, le matin même, la direction nous a dit que si nous débrayions, les négociations seraient finies. Mais celles-ci étaient déjà finies ! Ils n’avaient rien à nous proposer.

En réunion, le personnel décide de débrayer deux heures par équipe. Puis le mouvement devient une grève, très suivie par les salariés des services de centrifugation, d’alésage, d’usinage tube et de parachèvement. Pour le délégué FO, commence alors de nombreux allers et retours entre le personnel en grève et la direction. La direction a fait des propositions mais les salariés les ont refusées, estimant qu’elles étaient insuffisantes. Ils tenaient bon ! Parfois, j’ai eu peur que l’on perde tout mais ils ont eu raison de s’accrocher. La plupart des services en grève étaient en début de chaîne, ce qui paralysait toute la production. Dans ce contexte, la direction a cédé.

Aux prochaines élections professionnelles, nous pouvons passer majoritaires !

Finalement, le 12 septembre, après près de 5 jours de grève, la direction accepte une augmentation de 56 centimes sur le taux horaire et le versement d’une prime Macron de 800 euros. C’est inédit ! Nous n’avions jamais eu cette prime auparavant, se réjouit Grégory Chevalier. La direction s’engage également à débuter de nouvelles négociations annuelles obligatoires (NAO) en novembre sur la base de 3 % d’AG au minimum. Et les heures de grève seront payées aux salariés. Il était normal que les salariés, qui créent la valeur dans l’entreprise, voient progresser leur pouvoir d’achat, se félicite Grégory Chevalier. Néanmoins, nous savons qu’il faudra rester vigilants car cette question va demeurer centrale dans les mois à venir.

Pour le délégué, cette mobilisation est d’autant plus une réussite qu’elle a contribué à faire connaître FO aux 400 salariés de Manoir Industries. On a gagné des points. Durant la grève et les jours qui ont suivi, j’ai fait 5 ou 6 cartes d’adhésion. Si tout va bien, aux prochaines élections professionnelles, nous pouvons passer majoritaires !

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération