Marcel Santini remplace Paul Giacomoni en Corse du sud

Congrès UD par Valérie Forgeront

Quatre-vingt-cinq délégués FO représentant une vingtaine de syndicats se sont réunis le 24 novembre à Ajaccio pour le XVIIIe congrès de l’Union départementale FO de Corse-du-Sud.

Placé sous la présidence de la secrétaire confédérale Marie-Alice Medeuf-Andrieu, le congrès a vu l’élection d’un nouveau secrétaire général. Marcel Santini, auparavant secrétaire général adjoint de l’UD, remplace Paul Giacomoni.

Après avoir exercé ce mandat depuis 1993, Paul Giacomoni prend sa retraite. Moment rempli d’émotion, les congressistes ont rendu affectueusement hommage au travail qu’il a réalisé pendant toutes ces années.

Retrouvant leurs travaux, les congressistes ont évoqué les problèmes économiques et sociaux de la Corse-du-Sud, un des deux départements de l’île (300 000 habitants).

En Corse remarque l’UD FO, faire respecter les droits des travailleurs peut s’avérer difficile et les stratégies nationalistes n’arrangent rien. Face à cela, au cours d’une dizaine d’interventions à la tribune du congrès, les délégués FO ont tenu particulièrement à rappeler la caractéristique importante de FO : l’indépendance syndicale.

La lutte pour le respect des droits des salariés

Ainsi indique Marcel Santini, la collectivité territoriale corse (CTC/équivalent de la Région mais avec un statut particulier, Ndlr) sollicite FO pour la signature d’un protocole portant sur la corsification ou corsisation des emplois. Nous refusons de signer bien sûr. Cette politique de préférence régionale portée par la collectivité territoriale ne constitue pas la solution au problème de l’emploi ni à celui de la précarité souligne FO.

Sur l’île on est dans un monde de TPE rappelle le nouveau secrétaire de l’UD. La Corse, indique-t-il, ne compte que quelques grandes entreprises tel Corse Composites (300 salariés environ), sous-traitant aéronautique pour Airbus, ou encore la compagnie maritime Corsica linea (ex-SNCM) où après 500 licenciements en 2015 restent 800 salariés sous la menace d’une scission (adoptée par la CTC) de l’entreprise en trois entités distinctes. Il serait aussi question de rattacher les contrats de travail des marins à chaque navire ce à quoi nous nous opposons indique Marcel Santini.

Dans l’île, qui souffre d’un taux de chômage oscillant entre 10 et 11% depuis plusieurs années et où 70 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté dont 30 000 avec moins de 600 euros par mois, les salariés sont souvent victimes d’un patronat aux méthodes d’un autre âge.

Dans certaines entreprises, les employeurs font en sorte par exemple qu’il n’y ait pas de respect du temps de travail, ailleurs, comme chez Rocca (fret intérieur), il n’y a pas de présence syndicale… Les positions du Syndicat des travailleurs corses (STC) paraissent souvent elles aussi bien baroques.

« Il faut créer de nouveaux syndicats »

L’UD FO s’étonne ainsi par exemple que le STC ait signé chez Carrefour (grande distribution) un accord actant le gel de certaines primes. D’autant plus étonnant que le niveau des salaires sur l’île se décline sur le mode du Smic pour quasiment tout le monde… Alors que les entreprises corses sont parmi les plus riches de France.

Par ailleurs indique Marcel Santini on note une fréquente non application des conventions collectives. Plus largement remarque-t-il c’est le règne de l’intimidation des salariés, y compris dans les grandes entreprises. Le travail dissimulé –avec tous les problèmes qu’il induit pour les travailleurs- est par ailleurs très développé sur l’île.

90% des affaires aux prud’hommes concernent du travail dissimulé indique le secrétaire de l’UD, lui-même défenseur syndical aux prud’hommes, une juridiction où le syndicat des travailleurs corses est actuellement majoritaire.

Désormais 20% seulement des litiges entre salariés et employeurs finissent devant le juge départiteur s’étonne Marcel Santini. Dans la majorité des cas, les employeurs s’efforcent de proposer des arrangements aux salariés. Par ailleurs, 80% des salariés qui vont devant la justice prudhommale sont des femmes.

Face à ces difficultés, FO – en troisième position syndicale en Corse-du-Sud - entend développer l’organisation sur le terrain. Il faut créer des nouveaux syndicats et en recréer là où ils avaient disparu indique Marcel Santini précisant que les équipes FO travaillent actuellement à recréer des syndicats dans les organismes sociaux ou encore à la compagnie Air Corsica.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante