Pompier à la raffinerie TotalEnergies de Donges, en Loire-Atlantique, Marin Guillotin, responsable de la section syndicale FO, bataille de pied ferme contre la réforme des retraites. Sur ce site pétrolier, deuxième raffinerie de France et employant 400 personnes, 80 % des salariés postés ont fait grève un mois, du 7 mars au 7 avril, ce qui a induit des pénuries d’essence dans l’ouest de la France. La grève, suspendue, a repris deux jours, les 13 et 14 avril. La section FO s’est associée à d’autres syndicats de Donges pour organiser cette longue lutte. Parfois violente. Le 21 mars, lors d’une réquisition, 400 grenades lacrymogènes, entre autres, ont été utilisées pour nous déloger du dépôt pétrolier que nous occupions près de Donges. Nous étions une centaine », indique Marin, pointant « un usage disproportionné de la force
. Mais rien n’entame sa ténacité : On ne lâchera pas la lutte : si la réforme des retraites passe, nous continuerons le mouvement avec d’autres actions
, prévient-il. Dans les métiers dangereux de la raffinerie, le projet de recul de l’âge légal de départ à 64 ans a provoqué la colère des employés, explique Marin : Travailler ici, c’est quand même être assis sur une bombe. Le pétrole raffiné produit des gaz inflammables, voire mortels comme le souffre. On a certes des équipements de sécurité, mais l’espérance de vie d’un raffineur est, en moyenne, de sept ans inférieure à celle des autres salariés. Pour eux, faire deux ans de plus c’est impossible.
Et le militant alerte : Les installations de Donges sont dégradées faute d’investissements, et on manque d’effectifs.
Avec ses cinquante-cinq collègues pompiers, Marin dit avoir dû gérer « trop d’incidents, de fuites d’essence. Face à tous ces dangers, pour les camarades, il est hors de question de devoir travailler plus longtemps ! ».
Meneur d’hommes
Entré chez TotalEnergies en 2014 après avoir été pompier militaire à la Sécurité civile, Marin a d’abord été opérateur à la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne. C’est là qu’il découvre le syndicalisme. En 2019, tout juste syndiqué à FO, le DSC FO du groupe lui propose de remonter une section syndicale sur le site. Il se lance : Au bout d’un an, on était quinze adhérents, c’est quand même satisfaisant !
Fin 2019, le projet de réforme de la retraite à points sera son baptême du feu : à Grandpuits, ça a été un gros combat, on a organisé de nombreuses manifestations avec d’autres syndicats
. Muté à Donges en 2020 pour se rapprocher de sa compagne et de ses filles, Marin réimplante à nouveau une section FO qui compte désormais seize adhérents. J’aime bien ce travail de sensibilisation des salariés à l’importance de militer, de se battre ensemble pour défendre nos droits.
Si ce trentenaire reconnaît qu’il faut de l’énergie » pour tenir ces longs conflits, la solidarité entre raffineurs fait la force : quand trois salariés de Donges ont été réquisitionnés le 24 mars dernier, « on s’est tous rassemblés pour les accompagner à leur poste
. Pour Marin, le message est clair : si on s’attaque à l’un d’entre nous, on s’attaque à nous tous
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