Marina Royer, assistante sociale engagée pour le collectif

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

Marina Royer, 54 ans, a contribué à créer en Seine-Maritime la section départementale du syndicat FO des assistantes sociales de l’Éducation nationale. Son objectif est de lutter pour la préservation d’une véritable aide aux jeunes et à leurs familles et de défendre les droits et intérêts des personnels.

C’est d’abord la colère qui a poussé Marina Royer à l’engagement syndical. Après près de vingt ans de carrière comme assistante de service social de l’Éducation nationale, elle a rejoint FO en 2019, en réaction aux décisions unilatérales de l’administration, qui vont à l’encontre de ce qui fait notre travail et nos missions : la relation d’aide. Dans la foulée, à peine un mois après, elle devient secrétaire départementale de la section 76 (Seine-Maritime) du SNFOASEN. Soit je devenais aigrie, soit je quittais l’Éducation nationale, soit je transformais la situation en quelque chose de constructif. Le choix a été fait.

Devenue assistante sociale scolaire par goût pour l’aide au public adolescent, Marina Royer est très attachée à l’idée d’apporter aux familles une aide multidimensionnelle, allant de l’accès aux droits à la protection de l’enfance, en passant par la prévention contre les addictions et le harcèlement ou encore la lutte contre l’absentéisme scolaire. À partir du moment où on est à l’écoute d’un individu, on le reçoit dans sa globalité, souligne-t-elle. Et la mission peut s’avérer pesante psychologiquement, car les assistants sociaux peuvent être témoins de situations familiales et économiques particulièrement difficiles.

 Avec les années, on est plus en mesure de prendre du recul et de ne pas être surchargé émotionnellement, estime-t-elle. Ainsi, Marina Royer a toujours cherché à se décentrer et à croiser les regards, que ce soit en réunion d’échange sur les pratiques professionnelles ou au travers de la formation continue. Sinon, on peut rapidement être en souffrance : la culpabilité est un poison.

Un problème d’attractivité toujours plus marqué

D’autant plus lorsque les conditions de travail éloignent de plus en plus les professionnels de leur cœur de métier. Depuis 2015, les académies mettent en place les unes après les autres un fonctionnement en pôles. Concrètement, les assistantes sociales ne sont plus présentes physiquement dans certains établissements jugés non prioritaires et ne se déplacent qu’en cas d’urgence. L’académie de Normandie tente à son tour de l’instaurer pour la rentrée prochaine. On serait loin du public, dans un rôle de pompiers : ce n’est satisfaisant pour personne, dénonce la secrétaire départementale, qui compte mobiliser les adhérents contre ce projet.

Ce type de réorganisation est d’abord dû aux problèmes de recrutement auxquels fait face ce secteur du public, en lien avec une baisse d’attractivité toujours plus marquée. Il n’y a pas de créations de postes, expose Marina Royer, et pour les personnels travailler au sein de ce service social n’est attractif ni pour les conditions de travail, ni pour le salaire. En début de carrière, une assistante sociale perçoit un peu plus du Smic et doit assumer parfois des frais de déplacement prohibitifs. La protection de l’enfance, ça fait peur, ajoute la militante. On peut subir de l’agressivité, il faut avoir intégré un grand sentiment de légitimité pour assumer cette mission. Afin de lutter collectivement pour l’amélioration des conditions de travail, la secrétaire départementale mise sur la circulation de l’information. Quand on a la tête dans le guidon et qu’on ne se renseigne pas, on subit, affirme-t-elle. C’est le rôle du syndicat d’éveiller les consciences.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération