Maroquinerie de luxe : victoire salariale pour les salariés de Camille Fournet à Tergnier (02)

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

Une seule journée de grève a permis aux salariés des ateliers de Camille Fournet d’obtenir l’augmentation salariale qu’ils exigeaient. Après deux années de pandémie et le licenciement de 14 personnes, la direction refusait de leur accorder cette augmentation. Illustration d’une mobilisation syndicale efficace.

Cela faisait 22 ans qu’il n’y avait pas eu de grève au sein de cette PME spécialisée dans la maroquinerie de luxe et dont le siège social est basé dans les Hauts-de-France. Pour Marie-Claude Allabert, déléguée syndicale FO (seul syndicat de l’entreprise) des ateliers de fabrication, situés à Tergnier dans l’Aisne (02), cette grève trouve ses racines dans le contexte actuel difficile de montée des prix (gasoil, inflation...), ce qui vient après deux années de pandémie qui ont éprouvé les salariés. 

Le conflit a donc éclaté lors des dernières Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), en février. Nous n’avons eu aucune augmentation de salaire depuis des années, résume Marie-Claude Allabert, et nous sortons pourtant de deux années compliquées. 14 personnes ont été licenciées suite aux résultats négatifs de l’entreprise en 2020 et 2021. En 2022, nous sommes encore en difficulté, mais l’activité a bien repris. Alors cette année nous avons demandé d’être augmentées, pour que les salaires soient au-delà du Smic. 

La direction avait recours aux primes, pas aux augmentations de salaire

Le refus de la direction de toute augmentation salariale au-delà de l’augmentation légale du Smic a mis le feu aux poudres. D’autant que Camille Fournet, qui emploie 230 salariés à Tergnier, a bénéficié des aides de l’État, notamment au titre de l’APLD, Activité partielle de longue durée. Les salariés ont donc cessé le travail le temps d’une journée en février, à l’appel de FO. Ils ont reçu le soutien de l’UD FO de l’Aisne. 

Ces deux années ont été très dures et la colère a fini par enfler. Il y a un ras-le-bol général, entre le Covid, les licenciements, et la flambée des prix. Les salariés étaient très remontés et déterminés. Habituellement la direction a recours aux primes (assiduité, de fin d’année, d’ancienneté...), mais cette fois ce n’était pas suffisant. Nous voulions une véritable augmentation salariale, qui nous a été refusée si souvent chaque année, poursuit la militante, qui exerce depuis près de 35 ans chez Camille Fournet (entreprise qui relève de la Fédération FO de la Pharmacie, du Cuir et de l’Habillement). 

L’efficacité d’une grève-éclair

La grève a été efficace puisque la direction a accepté une augmentation globale de 6,1%, dont 3,1% au titre du Smic (les augmentations d’octobre 2021 et janvier 2022). Au total, la hausse de salaire représente 97 € à 106 € bruts mensuels pour le collège ouvriers et employés. Une victoire syndicale dont se félicite Marie-Claude Allabert. Les salariés ont également obtenu une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat de 150 euros nets pour tout le personnel, hors cadres. La prime d’intéressement, qui avait été supprimée antérieurement, sera également réinstaurée en 2022, avec de nouveaux critères en discussion. De plus, la journée de grève sera payée aux grévistes. 

Enfin, la direction a accepté d’augmenter sa prise en charge du panier de base de la mutuelle pour l’ensemble des personnels à hauteur de 60 % pour l’ensemble des personnels au lieu de 50 % actuellement, et s’est engagée à revaloriser la grille de classification des salariés du premier collège.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus