Marseille : le street art entre Docks et rues

Art par Michel Pourcelot

Si l’exposition « High Five » aux Docks de Marseille s’achève le 16 novembre, le street art est (presque) partout dans les rues marseillaises.

Marseille, terre de contraste... même dans le street art. On le trouve aussi bien entre les hauts murs du « Docks village », quartier dédié à l’aspiration de la plus haute branchitude, que dans les rues quelque peu délabrées des quartiers déshérités. Jusqu’au 16 novembre, la galerie Art Five propose avec son exposition « High Five » parmi les grands noms du genre : Shepard Fairey, que l’on ne présente plus guère que comme l’auteur du poster de campagne d’Obama « Hope », Okuda, Espagnol labellisé pop-surréaliste, Speedy Graphito, échappé de la Figuration libre de la fin des seventies, et Gris1, membre du coloré collectif DMV (Da Mental Vaporz). Au total, une bonne trentaine œuvres originales, plus « quelques multiples », exposées dans un décor unique composé d’une sublime salle voutée de 280 m2, de la structure métallique apparente du bâtiment centenaire, des larges murs en pierres de taille et de la lumière pénétrante de la Méditerranée. La galerie Art Five a été lancée par un financier en rupture de banque, qui ne manque pas de souligner tout l’intérêt de cette nouvelle forme d’art se prêtant comme les autres à la défiscalisation. Le paradis est ouvert jusqu’au 16 novembre aux Docks, place de la Joliette, Atrium 10.8 Entrée K, car pour « High Five », la galerie a installé ses œuvres d’« Art Urbain Contemporain » loin de la chic avenue du Prado.

Le haut du Panier

Pourtant depuis au moins les années 80, la cité phocéenne n’a cessé de créer sortant ses couleurs vraiment hors les murs, c’est-à-dire côté rue, là où on ne voulait pas les voir. Le street art atteignant une certaine crédibilité, notamment financière, la municipalité a fini par se laisser convaincre qu’une capitale culturelle se devait de laisser se perpétrer une telle expression artistique. Certes les œuvres de street art ne pullulent pas dans des quartiers comme celui témoin d’une courte et estivale villégiature présidentielle fort médiatisée. Elles s’affichent plutôt dans l’antique quartier pentu du Panier, dans les vieux quartiers du centre, qui, comme dans bon nombre de villes méditerranéennes, ont été laissés plus ou moins à l’abandon. On retrouve le street art au Parc Borelly au milieu des skaters. Le genre contribue à la revivification de La Friche de Mai et le piétonnier Cours Julien s’est transformé en exposition permanente d’œuvres éphémères. Mais la meilleure visite en la matière reste la marche au hasard de l’art de rue.

 

« High Five », exposition d’art urbain contemporain, jusqu’au 16 novembre, 10 place de la Joliette, au Docks Village, Atrium 10.8 Entrée K, et « street art » (art de la rue) jusqu’à une date inconnue, un peu partout dans Marseille.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante