Mayotte : la grève générale pour l’égalité réelle est relancée

Outremer par Clarisse Josselin

1er avril 2016, deuxième journée de grève générale à Mamoudzou, chef-lieu du département de Mayotte, 2 000 personnes ont participé à la mobilisation.

Depuis le 30 mars, une intersyndicale a lancé un appel à la grève générale à Mayotte. Elle revendique depuis des mois l’égalité réelle avec l’Hexagone pour ce territoire d’outremer, devenu le 101è département français en 2011.

La mobilisation se durcit à Mayotte. Entourée de barrages, la préfecture Mamoudzou est restée ville morte le 4 avril, au quatrième jour de la grève générale lancée par une intersyndicale. Les jours précédents, près de 2000 personnes, fonctionnaires, salariés et retraités, avaient manifesté pacifiquement pour revendiquer l’égalité réelle avec l’Hexagone, dans tous les domaines.

Cet archipel de l’Océan Indien, un territoire de 374 km² pour 213 000 habitants, est devenu département d’outremer il y a cinq ans. Mais le rattrapage avec la métropole se fait attendre.

Un premier appel avait été lancé en novembre 2015

« Malgré les rencontres avec le préfet, aucune mesure concrète en rapport avec nos revendications n’a été enregistrée à ce jour et aucune promesse d’avancée rassurante n’est sortie de ces rencontres » dénonçaient les sept organisations syndicales dont FO dans un communiqué appelant à la grève générale illimitée à compter du 30 mars.

Un premier appel à la mobilisation avait été lancé en novembre 2015. Il avait été interrompue après les attentats de Paris et la mise en place de l’état d’urgence.

Prise en compte de l’ancienneté des fonctionnaires

L’intersyndicale revendique notamment l’application de la totalité du code du travail et des conventions collectives de branche ; l’alignement sur l’Hexagone de toutes les prestations familiales et sociales ; la revalorisation immédiate des pensions minimum de retraite ; la reconstitution de carrière et la prise en compte de l’ancienneté de service des agents de la fonction publique…

« Nous exigeons l’application de l’article 73 de la constitution qui stipule que Mayotte doit bénéficier du droit commun, comme la Guadeloupe ou la Réunion, explique El-Anzize Hamidou, secrétaire général de l’union départementale FO de Mayotte. Pour l’instant, il y a beaucoup de lois d’exception et les services publics sont en service minimum ».

Courrier à Manuel Valls

Dénonçant le « mépris » du préfet qui refusait de la recevoir et prenant acte de la rupture du dialogue social, l’intersyndicale a envoyé un courrier au Premier ministre Manuel Valls le 1er avril. Elle demande au gouvernement de « prendre ses responsabilités » et de désigner d’urgence « une délégation interministérielle en charge d’engager un dialogue social constructif » afin de trouver une issue au conflit.

Une délégation a finalement été reçue le 4 avril en préfecture. « C’était juste une formalité, il n’y a pas eu d’avancée, les dossiers restent en suspens, alors la mobilisation continue », prévient El-Anzize Hamidou.


Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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