Média : la grève pour défendre les acquis sociaux se poursuit à l’AFP

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

Manifestation du 26 mai 2016 à Paris contre le le projet de loi Travail. Photographie : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Les salariés de l’Agence France Presse (AFP), en grève depuis le 3 juin à l’appel de FO, ont voté massivement le 13 juin pour reconduire le mouvement sur 48 heures, jusqu’à la prochaine AG. Ils dénoncent la volonté de la direction de remettre en cause la plupart de leurs acquis en matière de temps de travail ou de rémunération, dans la logique du projet de loi Travail.

Le 15 juin, cela fera 13 jours que le personnel technique et administratif de l’AFP est en grève à l’appel du syndicat de la presse SNPEP-FO, de la CGT et de la CFE-CGC pour dénoncer un « tsunami social » et préserver ses acquis sociaux.

La mobilisation est presque historique. Le plus long conflit qu’ait connu l’agence, en 1986, avait duré quinze jours. La suite de la mobilisation sera décidée lors d’une nouvelle assemblée générale programmée le 15 juin à 16 heures. Le syndicat des journalistes SGJ-FO a appelé les journalistes à rejoindre la grève.

Un accord d’entreprise de substitution

Dans une logique de réduction des coûts, la direction a brutalement dénoncé en juillet 2015 l’ensemble des accord sociaux signés dans l’entreprise depuis 60 ans, pour toutes les catégories de salariés : temps de travail, congés, grilles de salaire, plan de carrière, ancienneté...

Elle tente désormais d’imposer un accord d’entreprise de substitution, commun à tous les personnels, reprenant pour l’essentiel des dispositions conventionnelles ou du Code du travail, mais balayant les acquis sociaux négociés par le passé. C’est la logique du projet de loi Travail avant l’heure.

Suppression de 14 à 18 jours de RTT

Cet « accord-cadre » supprimerait les 14 à 18 jours de RTT de la quasi-totalité des salariés et diminuerait le nombre de congés payés. Il mettrait en place une nouvelle grille de qualification par fonctions pour les personnels hors rédaction, entraînant la baisse des salaires d’embauche des cadres techniques.

Les discussions avec les syndicats ont démarré en octobre 2015 et doivent aboutir en février 2017. « La négociation n’avance pas, dénonce Tristan Malle, secrétaire général du syndicat de journalistes SGJ-FO. Depuis six mois, on discute des propositions provocatrices de la direction. Si elle revient un peu sur sa position en matière de RTT, nous n’obtenons rien sur l’emploi ni sur les salaires. Des postes statutaires pourraient être supprimés à l’étranger. Elle voudrait même mettre en place un service minimum, comme à la SNCF ».

Mobilisation contre le projet de loi Travail

Les syndicats réclament comme base de négociation le maintien des primes de fin de carrière et des plans de carrière, ainsi que la prise en compte des congés et jours de RTT actuels. Une délégation doit être reçue dans la matinée du 15 juin par la direction. L’intersyndicale a aussi demandé à être reçue au ministère de la Culture.

Très mobilisés contre le projet de loi Travail, les grévistes de l’AFP devaient participer à la grande manifestation parisienne du 14 juin. « Si demain la loi El Khomri était votée, la direction aurait encore plus de latitude pour imposer ces reculs sociaux et les faire valider », dénonçaient les organisations syndicales dans un communiqué daté du 24 mars.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

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