Mesurer pour agir contre les discriminations

Statistiques par Nadia Djabali

Le Conseil national de la statistique s’est penché sur la question des discriminations. Un thème qui souffre d’un déficit d’études.

Pour agir contre les discriminations, il faut commencer par les voir et ce n’est pas si simple, a constaté le professeur de droit du travail Michel Miné lors d’une rencontre organisée par le Conseil national de l’information statistique. L’organisme a souhaité faire un point sur les outils de mesure et les statistiques disponibles pour rendre compte des discriminations et des risques de discrimination dans le domaine de l’emploi.

Mais avant de mesurer, il faut définir : une discrimination se produit quand une personne subit un traitement défavorable (lors de son recrutement, au cours de sa carrière, sur sa rémunération, etc.), sans justification et en lien avec un critère sur lequel il est interdit de se fonder pour prendre une décision défavorable.

Trois approches

Statisticiens et chercheurs disposent de plusieurs approches permettant de prendre la température en matière de discriminations. La première, qualifiée d’indirecte consiste à mesurer des différences entre deux groupes, l’un potentiellement discriminé, l’autre non.

La deuxième approche dite subjective, consiste à réaliser des entretiens avec des victimes potentielles sur leur ressenti et leur perception des discriminations dont elles seraient l’objet.

Dernière approche, plus expérimentale : le testing afin de mesurer si les entreprises adoptent un comportement différent selon les individus.

De nombreuses limites

Mais de nombreuses limites jalonnent encore le terrain de l’information statistique. Notamment le fait que des sujets soient plus investis que d’autres. Et dans de nombreux domaines, les statistiques se font rares. Mesurer et donc agir contre la discrimination liée aux origines demeure encore très compliqué dans les entreprises.

Il reste également beaucoup à améliorer en termes de lutte contre les discriminations liées à l’appartenance syndicale. Alors que les différences de traitements sont préoccupantes, il existe que très peu de recherche sur le sujet. Aucun testing n’a été réalisé en France sur la discrimination à l’embauche des militants syndicaux. Autre écueil à surmonter, la difficulté de trouver des données sectorielles alors que la lutte contre les discriminations est un sujet de négociation dans l’entreprise.

Et des données quasi inexistantes

Enfin, des champs demeurent inexplorés comme celui de l’impact des discriminations sur les risques psycho-sociaux et les arrêts de travail. Inexistantes également, les données concernant l’orientation sexuelle des personnes ou celles qui peuvent mettre à jour des discriminations en raison de l’apparence physique (taille, surcharge pondérale, etc.).

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante